Lorsque l’on parle de Solesme, on pense immanquablement à Dom Guéranger (1805 – 1875) qui transforma le prieuré de Saint Pierre qui avait déjà une longue histoire, huit siècles, en abbaye du XIX siècle. Il est l’initiateur d’une doctrine qui renoue avec la Tradition. Dom Guéranger restaura l’Ordre bénédictin en France et contribua à la restauration de la liturgie romaine dans les diocèses français. Son souci était de rappeler aux grands Ordres religieux leur fonction dans l’Eglise.
L’abbé Guéranger est bien connu pour avoir écrit l’Année liturgique dont la Préface débute sur cette affirmation : « La prière est pour l’homme le premier des biens ». Selon lui, la liturgie tient la première place dans le Christianisme. La liturgie est l’ « incessante voix de l’Eglise ». La prière nous est donnée par Jésus-Christ et l’Esprit Saint envoyé par lui. La source de la liturgie se trouve au sein même de la Trinité. Les réalités invisibles se révèlent dans les réalités visibles. La prière de l’Eglise atteint le cœur de Dieu.
Dom Guéranger a rendu à son siècle le sens de la prière liturgique ecclésiale. Vivre l’année liturgique est un moyen d’avancer dans l’intelligence des vérités de la foi. Dom Guéranger insiste sur le travail intellectuel qui permet une meilleur compréhension des textes et des rites.
Pour Dom Guéranger la restauration du chant grégorien allait de pair avec celle de la liturgie. Elle permettait un retour à la Tradition. Les moines de Solesmes ont donc entrepris l’étude des manuscrits pour retrouver « la leçon primitive de saint Grégoire le Grand ».
Dom Guéranger formait musicalement ses moines. Certains moines se spécialisèrent dans la copie des manuscrits. Selon lui, le chant grégorien exigeait le rythme libre du discours latin, qui contribue à sa beauté. En ce domaine, Dom Guéranger avait un sens esthétique étonnant. Dix ans plus tard, le « style de Solesme » était bien marqué.
