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"Une attente de la venue de l’Epoux"
diocèse d’Albi
La vocation érémitique est peu connue. Que signifie-t-elle ? De quoi témoigne l’ermite ?
L’ermite témoigne que Dieu seul peu combler la soif d’infini inscrite au cœur de tout homme. Il expérimente, avec une immédiateté toute spéciale, le mystère de la mort et de la résurrection du Christ dans lequel tous les chrétiens sont appelés à entrer. Son existence est une invitation à prendre conscience de la dimension solitaire de la vie humaine et à l’assumer paisiblement. Elle peut aussi aider notre époque à retrouver une relation plus équilibrée avec l’univers matériel, en raison de sa proximité et de sa mise à distance avec l’environnements concret. Enfin, elle constitue un lien fort d’unité entre les différentes confessions chrétiennes : présente dans les Eglises d’Orient depuis les origines, la vie érémitique connaît actuellement un renouveau dans la Communion anglicane.
Combien y a-t-il d’ermites aujourd’hui ?
En France, il y a entre deux et trois cents ermites et, dans notre diocèse, sauf erreur de ma part, nous devons être deux ou trois. Les deux tiers sont des femmes, ce qui n’est pas surprenant : le charisme érémitique manifeste l’aspect intérieur du mystère de l’Eglise, sa relation intime et personnelle au Christ. La femme ermite peut y trouver l’accomplissement de sa féminité, à la fois dans sa dimension nuptiale (elle est unie au Christ Epoux) et dans sa dimension maternelle (elle porte le monde entier dans sa prière). « L’icône de la vie érémitique, disait le cardinal Journet, c’est la Vierge de la Pentecôte : offrande à l’Esprit Saint, dont la puissance fait fructifier la plénitude de ses dons pour toute l’humanité. »
Comment avez-vous reçu l’appel à devenir ermite ?
Dans la congrégation contemplative où j’étais entrée, je pouvais passer plusieurs jours en solitude dans une maison située en dehors du couvent. J’y éprouvais de façon intense le sentiment de la présence de Dieu, un sentiment de plénitude où le monde, loin d’être absent, devenait lui aussi intensément présent. N’était-ce pas là un appel à vivre en ermite. Mes supérieures me conseillèrent d’attendre, de laisser les choses se décanter. Il est bon, de fait, d’être décapé par la vie commune, avant de s’engager dans une forme de vie qui requiert une maturité suffisante ! C’est au bout de treize ans qu’elles me donnèrent leur feu vert pour vivre en ermite.
Comment vivez-vous concrètement cet appel ?
Quête amoureuse de la Face du Seigneur, ma vocation d’ermite est centrée sur la prière : attention du cœur qui devient continue à travers les activités d’une vie simple, laborieuse et pauvre, mais semée des délicatesses de la Providence. Mes journées sont ponctuées par la récitation ou le chant de l’office ; des pauses y son prévues pour l’oraison et l’intercession. La nuit est propice pour l’adoration du Saint-Sacrement. Veilleur sur les remparts, guetteur d’aurore, l’ermite attend la venue de l’Epoux : c’est le sens de son célibat perpétuel. Il apprend la « garde des pensées », à l’école des Pères du désert et le combat spirituel. Il découvre de plus en plus sa misère et, dans cette mesure même, la miséricorde du Père. Une joie profonde l’habite, au milieu des renoncements et des épreuves : celle de Pâques.
avec l’aimable autorisation Rencontres,
journal du SDV d’Albi, décembre 2003