CITE DU VATICAN, 26 OCT 2000 (VIS). Le Cardinal Roger Etchegaray,
Président du Comité central pour le Grand
Jubilé de l'An 2000, a présenté mercredi
près la Salle de Presse du Saint-Siège la
décision pontificale de proclamer le 31 octobre saint
Thomas More Patron des hommes politiques et des gouvernants.
Le Cardinal a indiqué que c'était là
"un grand cadeau" de Jean-Paul II qui
donne en Thomas More un patron céleste "de haute
stature, à la mesure de tous ceux qui doivent gérer
la chose publique".
Saint Thomas More fut "un avocat brillant à
Londres, membre du parlement à 27 ans, dont il devint
le Speaker, avant d'être le Chancelier du royaume,
premier laïc à assumer cette haute charge. Thomas
More a séduit ses contemporains dans toute l'Europe...
Auteur de l'extraordinaire Utopie, il cultiva les arts,
tout en portant le cilice. Homme engagé dans les
affaires publiques, il fut aussi un bon père pour
ses quatre enfants, un paroissien assidu à la messe
quotidienne. Il vécut pleinement dans une perspective
évangélique, être dans le monde sans
être du monde
Le Cardinal Etchégaray a rappelé ensuite
que, "à 55 ans, au sommet de sa gloire et du
pouvoir, il démissionna, par conscience et afin de
ne pas fermer les yeux sur de flagrantes injustices. Trois
ans plus tard, il fut incarcéré et durant
ses 15 mois de prison il écrivit son dernier livre,
consacré à la Passion du Christ. Il fut décapité
pour avoir refusé fermement de céder à
l'arbitraire de son Roi, qui cherchait à asservir
l'Eglise à l'Etat. C'était le 6 juillet 1535".
Quinze jours avant sa mort, l'Evêque de Rochester
John Fisher avait déjà été décapité.
Le Cardinal a enfin indiqué que "Jean-Paul
II, en proclamant Thomas More Patron des hommes politiques
et des gouvernants, entend leur rappeler l'absolue priorité
de Dieu, jusque dans les affaires publiques. Dans un temps
d'éclipse de la conscience, le Pape indique à
tous un homme qui a préféré la mort
à la vie par fidélité à sa conscience,
à une conscience qui ne cessa d'éclairer à
la lumière divine et aux conseils des sages, loin
de tout fanatisme ou subjectivisme". OP/SAINT THOMAS
MORE/ETCHEGARAY VIS 20001026 (390)
PETITION POUR PROCLAMER THOMAS MORE PATRON DES HOMMES
POLITIQUES
CITE DU VATICAN, 26 OCT 2000 (VIS). Voici le texte de la
Pétition présentée au Pape le 25 septembre
dernier, au cours d'un entretien privé avec le Sénateur
Cossiga, ancien Président de la République
italienne, et le Sénateur vénézuélien
Hilarión Cardozo, lui demandant de proclamer Thomas
More Patron des hommes politiques et des gouvernants. Le
texte porte la signature de plusieurs centaines de chefs
d'état et de gouvernement, de ministres, parlementaires,
partis politiques et personnalités religieuses de
multiples pays:
"Très Saint-Père, la personne
de saint Thomas More, Martyr, suscite depuis des siècles
non seulement la vénération des chrétiens
mais encore l'intérêt profond du monde de la
culture et celui de la politique, qui ne cessent d'approfondir
les multiples aspects de sa vie et de son oeuvre. Une bibliographie
spécialisée ne cesse d'augmenter qui présente
des caractéristiques significatives. La littérature
rassemble d'abord des auteurs venant d'églises et
de communautés chrétiennes différentes
(Sir Thomas More est inscrit comme "martyr" au
calendrier liturgique de l'Eglise Anglicane en Angleterre),
de différents credo religieux, et même des
agnostiques. Voilà qui témoigne d'un intérêt
véritablement universel. Saint Thomas More a extraordinairement
apporté comme humaniste, apologète, juge et
législateur, diplomate, homme d'état. Mais
c'est l'homme aussi qui suscite l'admiration que l'on perçoit
chez tous les auteurs; si la sainteté est aussi plénitude
et épanouissement de l'humain, ceci est particulièrement
vrai, tangible même, dans son cas".
"Déjà le prédécesseur
de Votre Sainteté sur le siège de Pierre,
le Pape Pie XI, présenta Thomas More, dans la Bulle
de Canonisation, comme un modèle d'intégrité
exemplaire pour tous les chrétiens, en le définissant
ainsi: 'Laicorum hominum decus et ornamentum'. La force
d'attraction croissante de ce grand personnage sur les laïcs
évoque une présence étonnamment actuelle
et vivante au fil du temps".
"Saint Thomas More apparaît comme l'exemple
parfait de cette 'unité de vie' dont Votre Sainteté
a indiqué qu'elle était comme étant
l'expression spécifique de la sainteté pour
les laïcs: 'L'unité de la vie des fidèles
laïcs revêt une énorme importance: ils
doivent en effet se sanctifier dans la vie ordinaire, sociale
et professionnelle; pour pouvoir répondre à
leur vocation, donc, les fidèles laïcs doivent
se tourner vers les activités de la vie quotidienne
comme vers une occasion d'union avec Dieu, d'accomplissement
de sa volonté et de service envers les autres hommes'.
Chez Thomas il n'y eut jamais cette fracture entre la Foi
et la culture, les principes et le quotidien, que le Concile
Vatican Il dénonce comme étant 'parmi les
plus graves erreurs de notre époque'".
"Dans son activité d'humaniste, qui le
vit embrasser les domaines les plus divers, de l'anglais
au latin jusqu'au grec, de la philosophie politique à
la théologie, il conjugua l'étude et la piété,
la culture et l'ascèse, la soif de vérité
et la recherche constante de la vertu dans un combat personnel
aussi difficile que joyeux. En tant qu'avocat puis juge,
outre le fait d'avoir été l'un des fondateurs
de la science de la Common Law anglaise, il orienta l'interprétation
et la formulation des lois dans la direction d'une véritable
justice sociale et de la construction de la paix entre les
individus et les nations. Plutôt que de réprimer,
il cherchait la manière d'éliminer les causes
de la violence. Il se fit le promoteur du bien commun, sans
le séparer de la pratique constante de la charité.
Ses concitoyens l'appelaient ainsi le défenseur des
pauvres. Son oeuvre de magistrat fut constamment guidée
par un dévouement inconditionnel à la justice,
dans le respect de la liberté et de l'être
humain. En se faisant le serviteur de l'homme, saint Thomas
More savait qu'il servait son Roi, c'est-à-dire l'état,
mais c'est Dieu qu'avant tout il voulait servir".
"Toute sa conduite était marquée
de cette tension vers Dieu. Dans sa famille il fit régner
une éducation et une formation de très haut
niveau moral, à tel point que ses contemporains l'avaient
définie 'l'académie chrétienne'. Dans
ses fonctions publiques il se fit l'ennemi de tout privilège
et refusa tous les honneurs pour vivre humblement et simplement
son statut de très haut serviteur du Roi".
"Fidèle jusqu'au bout à ses devoirs
civiques, il courut des risques extrêmes afin de servir
son pays. Il put devenir un parfait serviteur de l'état
parce qu'il lutta pour devenir un chrétien parfait.
'Rendez donc à César ce qui est de César,
et à Dieu ce qui est de Dieu': Thomas More comprit
que si ces paroles du Christ témoignent de la séparation
entre le temporel et le spirituel, elles engagent aussi
la conscience du chrétien à vivre au quotidien
les valeurs de l'Evangile, en refusant tout compromis, jusqu'à
l'héroïsme du martyre, qu'il affronta en toute
humilité".
"Sans manquer de prudence et sans ignorer toute
l'imperfection des hommes, on ne saurait nier que ce martyre
est la preuve suprême de cette unité de valeurs,
fruit d'une recherche intérieure acharnée,
à laquelle saint Thomas More consacra toute son existence.
Sa bonne humeur extraordinaire, sa sérénité
rayonnante, son respect des points de vue contraires aux
siens, son pardon sincère à ceux qui le condamnaient
montrent bien comment il se conjuguait cohérence
et profond respect de la liberté d'autrui".
"Convergence d'engagement politique et de cohérence
morale, harmonie du spirituel et de l'humain, unité
de vie sans compromis, autant d'éléments d'une
valeur si actuelle qui ont conduit de nombreuses personnalités
de plusieurs pays du monde à adhérer au Comité
pour la proclamation de Sir Thomas More, Saint et Martyr,
Patron des hommes politiques et gouvernants. On compte parmi
les signataires de cette instance des catholiques et des
non catholiques, des hommes d'état exerçant
des fonctions politiques, mais aussi culturelles, une grande
diversité de personnages, tous extrêmement
sensibles pourtant à la richesse de l'exemple de
saint Thomas More. Un exemple qui va bien au-delà
de l'art de gouverner, pur et simple, pour embrasser toutes
les vertus indispensables à un gouvernement sage
et bon".
"Thomas More n'entendit jamais la politique
comme une profession, mais comme un service parfois ardu
auquel il s'était longuement préparé,
non seulement par l'étude de l'histoire, des lois
et de la culture de son pays, mais surtout par la réflexion
patiente sur la nature humaine dans sa grandeur et ses faiblesses,
et par la recherche dans le domaine de l'amélioration
des conditions de la vie sociale. La politique fut le débouché
naturel de son effort acharné de compréhension.
Grâce à cet effort il put montrer quelle hiérarchie
des fins doit être observée par un gouvernement,
à la lumière de la Vérité qui
l'emporte sur le pouvoir, et du Bien qui l'emporte sur le
profit. Il travailla toujours dans la perspective des buts
ultimes, ceux que l'alternance des événements
historiques ne pourra jamais rendre vains".
"C'est là qu'il puisa la force qui l'aida
à affronter le martyre. Il fut martyr de la liberté
au sens le plus moderne du mot, car il s'opposa à
la prétention du pouvoir d'avoir une emprise sur
les consciences, ce qui a toujours constitué la tentation
l'histoire du XX siècle en est le tragique témoignage
de ces systèmes politiques qui se croient au-dessus
de tout. Fidèle aux institutions de son peuple Ecclesia
anglicana libera site (Magna Charta) il fut un lecteur attentif
de l'histoire: celle-ci lui montrait comment la primauté
de Pierre constitue une assurance de liberté pour
les Eglises particulières; ainsi saint Thomas More
donna-t-il sa vie pour défendre la liberté
de l'Eglise vis-à-vis de l'Etat, en défendant
du même coupe la liberté et la primauté
de la conscience du citoyen vis-à-vis du pouvoir
civil".
"Il fut donc martyr de la liberté parce
qu'il fut martyr de la primauté de la conscience,
cette conscience qui nous rend pleinement responsables de
nos décisions, maîtres de nous-mêmes,
soumis uniquement à la contrainte, propre de la nature
humaine, qui nous lie à Dieu. Votre Sainteté
nous a rappelé que la conscience morale est 'témoignage
de Dieu lui-même, dont la voix et le jugement pénètrent
l'homme jusqu'au plus profond de son âme'. Telle est,
nous semble-t-il, la leçon fondamentale de saint
Thomas More aux hommes de gouvernement : fuir le succès
et le consensus facile au nom de la fidélité
à des principes inaliénables, desquels dépendent
la dignité de l'homme et la justice des législations.
Voilà donc la leçon qui devrait inspirer tous
ceux qui, à la veille du troisième millénaire,
se sentent appelés à conjurer le danger de
nouvelles tyrannies, plus ou moins déguisées".
"Voilà pourquoi, certains d'agir pour
le bien de la société de demain, nous espérons
que notre supplication sera accueillie avec bienveillance
par Votre Sainteté, et nous demandons que Sir Thomas
More, Saint et Martyr, fidèle serviteur du Roi, mais
avant tout de Dieu, soit proclamé Patron des hommes
politiques et des gouvernants".
JPII-PETITION/MORE:PATRON/... VIS 20001026 (1540)
|
|