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Visite Ad Limina C.E.L.R.A. 12-17 mars 2001
Discours de S. B. Michel Sabbah

 

 

Saint-Père,

Il y a un an, en ces jours, vous étiez parmi nous en Terre Sainte. Vous étiez venus en pèlerin et autour des Lieux Saints, vous avez rencontré nos Églises, et nos pays. Aujourd'hui, nous venons, les Évêques latins des Régions arabes (Moyen-Orient, Golfe et Corne de l'Afrique) pour notre visite ad limina.
Nous vous remercions, Sainteté, pour votre accueil paternel et votre écoute de chacun de nous. Nous venons de conclure, en suivant vos directives, l'année de grâce du Jubilé, dans nos différents pays et Églises.
À Jérusalem, nous nous étions préparés, les Églises catholiques de tous les rites, par un synode de prière et de révision, afin de pouvoir commencer le nouveau millénaire avec une meilleure vision de la volonté de Dieu sur nous. Nos efforts, outre la formation chrétienne de nos fidèles, sont centrés sur le dialogue interreligieux et sur l'œcuménisme et la collaboration entre nos différentes Églises en Terre Sainte comme dans tout le Moyen?Orient.

Tous, au Moyen?Orient, dans le Golfe et la Corne de l'Afrique, nous avons la même vocation, d'être chrétiens dans nos pays arabes et musulmans. Avec tous nos frères chrétiens, nous essayons de témoigner du Christ dans nos pays, en éduquant nos fidèles dans leur foi afin qu'ils soient partie prenante de la société arabe et musulmane et qu'ils puissent contribuer au bien-être et à la promotion de toute la société. Une difficulté demeure pour les milliers de fidèles immigrés accueillis en Arabie pour le travail, mais qui restent privés de leur droit de pouvoir se réunir pour prier et adorer Dieu librement. Djibouti se félicite par contre d'avoir eu cette année l'échange des relations diplomatiques avec le Saint?Siège.

Un autre point commun de rencontre entre quelques-unes de nos Églises est malheureusement la guerre ou l'absence de paix dans nos divers pays, la Somalie essaie péniblement de se redresser. Chypre est toujours divisée en deux. En Iraq, c'est toujours l'embargo impitoyable avec ses victimes et surtout avec la conséquence néfaste pour le présent et pour l'avenir, qui augmente et approfondit l'animosité du monde arabe contre l'Occident ? et l'Occident regardé comme chrétien , malgré toutes les distances que la politique occidentale prend par rapport au christianisme. Ce qui rend aussi plus difficile la préparation des peuples à la réconciliation. La Terre Sainte, la Palestine et Israël, le centre de gravité de toute la région et donc de tous nos diocèses, est toujours sous le poids des injustices et par conséquent de la violence.

La situation dans les Territoires palestiniens devient très difficile, vu la résistance palestinienne à l'occupation militaire israélienne, et les représailles israéliennes qui y répondent. Le bombardement des villes et des maisons innocentes, et le blocus actuel imposé par Israël aux villes et villages palestiniens, au lieu de réduire la résistance ne fait que l'augmenter, en même temps qu'elle pousse le commun du peuple à l'émigration.
Saint-Père, nous sommes à une année presque après votre visite en Terre Sainte. Nous ne pouvons que vous remercier du don fait par cette visite à nos Églises et à nos pays: vous aviez renouvelé l'espérance dans les cœurs de tous, chrétiens, musulmans et juifs. Vos gestes de réconciliation furent appréciés et accueillis. Votre message de paix et de justice fut entendu, par chacun séparément, et il s'est avéré que la terre n'était pas encore prête à le recevoir. Qui sait? Peut-être, un jour, la semence que vous avez jetée dans notre terre finira par vaincre l'esprit d'injustice et de violence, et que les gestes de réconciliation que vous avez posés finiront par donner leurs fruits.
Malgré tout, nous continuons à vivre dans la prière et l'espérance. Nos leaders politiques, palestiniens et israéliens, finiront un jour par reconnaître les exigences de la liberté humaine et de la dignité humaine du Palestinien, car c'est là le fond du problème de la Terre Sainte aujourd'hui: le Palestinien devra-t-il continuer à vivre sous occupation militaire israélienne ou pourra-t-il jouir un jour sur sa terre de sa liberté et de sa dignité ? De la réponse à cette question dépendent la paix ou la violence en Terre Sainte, et la stabilité ou l'instabilité dans toute la région.

La question est politique, mais c'est aussi une question de vie quotidienne. C'est la question de l'émigration aussi, donc une question de survie des Églises aussi. À nos fidèles, nous disons de patienter, de bien méditer le commandement de l'amour, pour être plus fidèles à leur terre et à leurs devoirs civiques et religieux. Nous leur rappelons aussi bien l'amour difficile des ennemis. Nous essayons d'entretenir l'espérance dans leurs cœurs, malgré tout: malgré les maisons bombardées, les routes fermées et les libertés réduites. Il faut rester. Avec eux nous resterons, mais dans la situation actuelle nous risquons de rester un jour sans eux.

Saint-Père, nous vous remercions de votre sollicitude à l'égard de toutes nos Églises. Nous vous remercions pour tout l'appui spirituel et humain apporté à chacun de nous dans son diocèse. La solidarité et la voix de toutes les Églises sont pour nous un soutien indispensable, de même que votre sollicitude de père et votre vision de la dignité de tous les croyants et de tous les hommes.

+Michel Sabbah
Patriarche de Jérusalem des Latins

Rome, 17 mars 2001.