" J'ai vu la misère de mon peuple, J'ai
entendu son cri"
Cette parole, c'est Moïse lui-même qui la
met sur les lèvres de Dieu. Je la fais mienne aujourd'hui,
quelques jours après l'annonce de la fermeture de
l'usine Moulinex d'Alençon et à une semaine
de la grande manifestation du 19 mai.
Oui, j'ai entendu les cris, les inquiétudes, les
angoisses des familles touchées et blessées
par cet événement. Comment ne pas ressentir
avec elles le rejet dont elles se sentent victimes, après
tant d'années au service d'une entreprise ?
J'ai entendu les organisations ouvrières, dénoncer
la logique économique et financière parmi
les causes de cette situation dramatique. J'ai vu leur lutte
vigoureuse et solidaire pour la défense des salariés,
pour le droit au travail, pour une société
où chacun ait sa place et son mot à dire.
J'ai entendu les responsables politiques, leur volonté
de rassembler leurs compétences, de relever le défi
de la ré industrialisation, de favoriser de nouvelles
formations.
Etre reconnus comme personnes humaines, Dignes de respect
et de confiance, beaucoup partagent cette aspiration avec
ceux qui sont touchés aujourd'hui. N'est-il pas urgent
de remettre la personne humaine au centre de tous nos choix
économiques et sociaux ? Elle est aux yeux des chrétiens,
le sommet de la création et l'image même de
Dieu.
La mondialisation, les délocalisations, les restructurations
semblent nous enlever toute maîtrise sur les évènements.
L'avenir n'est-il pas aussi entre nos mains, dans nos engagements,
dans nos vigilances ? L'Action Catholique Ouvrière
d'Alençon le rappelait le 1er mai dernier : "Nous
voulons participer à la création d'un monde
d'amour, de justice, de paix."
Dans cet esprit, j'invite les catholiques de l'Orne à
vivre une véritable solidarité avec les salariés
de l'entreprise Moulinex, dans l'accueil, l'écoute
et le service des plus fragiles d'entre eux, dans le partage
de leur combat pour la dignité et la justice dans
le soutien de tous ceux qui veulent reconstruire un avenir
et réveiller l'espoir.
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