Le 3 juin prochain, nous vivrons notre grand rassemblement
diocésain sur l'esplanade du Peyrou à Montpellier.
Comme toute organisation humaine, l'Église a besoin
de ces temps de fêtes où on se rencontre, où
on se rassemble, où on se fortifie dans des convictions
communes et où on repart avec dynamisme renouvelé.
II y a pourtant une originalité spirituelle de cette
expérience ecclésiale qui ne peut être
perçue que dans la foi. Nous sommes invités
à découvrir, au cur même de notre
rassemblement, une action du Christ Ressuscité qui,
aujourd'hui, dans l'Esprit, convoque son peuple, le rencontre,
le rassemble, lui confie sa Bonne Nouvelle et l'envoie en
mission.
UN PEUPLE CONVOQUÉ
Quand le Concile Vatican II parle du diocèse comme
Église particulière, il n'en parle pas en
termes administratifs comme d'une simple circonscription
ecclésiastique. II la désigne comme cette
"portion d'humanité " qui entend l'appel
de Dieu et se laisse convoquer par lui, une portion d'humanité
avec la diversité qui la caractérise : diversité
géographique et humaine, de Lunel à Minerve,
de Montpellier à Béziers, des garrigues cévenoles
au bord de mer, de Bédarieux à Sète
ou à Agde... Diversité aussi des âges,
des situations sociales, des expériences et des sensibilités
ecclésiales. C'est bien ce peuple bigarré
et divers que Dieu appelle à être son Église,
ce Corps que le Christ se donne aujourd'hui pour se communiquer
aux hommes. Car le Christ n'a pas d'autre figure dans le
monde que le rassemblement de ceux qui croient en lui.
Dietrich Bonhoeffer, ce pasteur luthérien, théologien,
mort martyr en 1945, n'écrivait-il pas : "L'Église
n'est que ce morceau d'humanité où le Christ
a réellement trouvé sa figure" ? C'est
là un don que le Ressuscité fait à
son Église mais aussi un appel qu'il lui adresse
: manifester au mieux Son visage dans le monde. Nous avons
besoin aujourd'hui de nous sentir en communion profonde
dans l'accueil du même don et dans celui d'une même
mission.
AU NOM DU CHRIST
C'est le Christ qui fait de nous son Église par le
don de son Esprit. C'est sa Parole annoncée et accueillie
qui touche les coeurs. C'est son Eucharistie qui fait notre
communion. L'Église n'est donc pas un héritage
qu'on aurait à transmettre passivement. Elle est
une réalité vivante que Dieu ne cesse de susciter.
Le témoignage de baptisés récents et
celui d'adultes qui demandent la confirmation mettront en
pleine lumière l'actualité de cette action
du Christ.
UN PEUPLE SOLIDAIRE
Cet appel du Christ ne vise pas à la constitution
d'un ghetto. L'Église diocésaine ne saurait
être un club fermé qui ne se préoccuperait
que des seuls besoins de ses membres. Elle n'est Église
du Christ que si elle reste ouverte, ouverte sur les autres
Églises particulières, sur l'Église
universelle. La présence de la délégation
de l'Église du Mali à notre rassemblement
nous le rappellera avec force. Notre Église doit
aussi rester ouverte sur les autres Églises chrétiennes.
L'oecuménisme n'est pas matière à option
Ce peuple que Dieu convoque, loin de se replier frileusement
sur lui-même, est invité par Dieu à
être un peuple solidaire, solidaire en premier lieu
de nos frères juifs avec qui nous fêtons à
Pentecôte l'indéfectible fidélité
de Dieu à son Alliance par le don de sa Parole (Torah)
et celui de son Esprit. Solidaire également avec
les autres croyants, avec les hommes et les femmes au milieu
desquels nous vivons. Dans les Actes des Apôtres,
le Ressuscité ne dit-il pas à Paul qui risquait
de se décourager devant la petitesse du rassemblement
ecclésial: "J'ai à moi un peuple nombreux
dans cette ville." (Ac 18, 10) ?
Que ce rassemblement soit pour nos communautés, pour
notre Église diocésaine, un temps de grâce,
une véritable Pentecôte !
+ Jean-Pierre RICARD
Évêque de Montpellier
|
|