Témoignage
SNOP 1103
« Ce qui me fait aimer l'Algérie. »
Une suite aux Journées nationales de la Mission étudiante
à Angers : vingt-deux étudiants sont allés cet été à la rencontre
de différentes communautés en Algérie.
Un événement qui n'a pas fait de bruit, mais qui a marqué
suffisamment les participants pour en parler. Extraits du
témoignage de Sabine Lepeltier, étudiante à Angers.
Jeunesse
La plus grande richesse de l'Algérie, c'est la jeunesse et
son énergie : 70 % des jeunes ont moins de 30 ans. Les jeunes
ont des rêves, des espérances très grandes pour leur pays.
Ils ont fait des études, certains ont voyagé. Ils ont accès
à tous les médias qui leur donnent une ouverture sur le monde,
ils savent que chaque pays est appelé à s'intégrer dans un
mouvement d'ouverture générale qu'on appelle « mondialisation
». Et ils se demandent aujourd'hui comment l'Algérie va pouvoir
trouver sa place.
Pays adolescent, l'Algérie est un mélange de violence et
de tendresse, en recherche d'identité. Un pays fragile et
fort à la fois.
Sa jeunesse est aussi sa plus grande faiblesse, car l'Algérie
ne réussit pas à nourrir, loger, et faire travailler tous
ces jeunes. Ils ont des rêves, mais ils savent qu'il leur
faudra partir pour les réaliser.
Une grande famille solidaire
La force de l'Algérie est aussi sa structure familiale. La
famille est le point d'ancrage de l'Algérien, le point de
repère essentiel de sa vie : chaleur familiale, celle d'une
communauté et d'une vie relationnelle riche.
Mais ce qui m'a le plus touché, c'est l'esprit naturel de
solidarité présent chez les plus pauvres. On ne peut pas accepter
de voir un voisin en difficulté sans l'aider, jusqu'à accueillir
un pauvre chez soi.
Les liens d'amitié sont sacrés et la parole au centre de
tout. Pour un Algérien musulman, l'accueil est sacré car toute
personne invitée et un invité de Dieu et toute personne rencontrée
est une créature de Dieu. Le temps appartient à Dieu.
Allah est présent
Tout prend une valeur sacrée. C'est une force, mais aussi
une faiblesse, car l'abandon à la volonté de Dieu peut aussi
légitimer une certaine inaction et un refus de remettre en
cause des principes plus liés à des traditions qu'à la foi
en Dieu. Il me semble que nous avons à apprendre de cette
attitude. Les algériens musulmans que j'ai rencontrés ont
une attitude beaucoup plus humble, ils savent lire la présence
de Dieu dans leur quotidien et en retirent une sagesse qui
nous manque.
J'ai redécouvert le Christ en Algérie
« [.] J'ai redécouvert le Christ en Algérie. Ce Christ qui,
finalement, n'a jamais été compris de son vivant, ce Christ
qui a suscité hostilité et désapprobation, parce qu'il agissait
en bouleversant les idées et les principes de l'époque. Oser
dire que Dieu s'était fait homme, qu'il s'était laissé humilier
et qu'il était mort sur la croix, quel sacrilège !
Les musulmans ont la même réaction, comme tous ceux qui ne
peuvent concevoir que Dieu ne soit pas tout puissant. Voilà
le gouffre qui nous sépare : le Dieu auquel je crois s'est
abaissé pour toucher le cour des hommes, le Dieu auquel croient
les musulmans est un Dieu qui demande à l'homme de s'élever
pour aller vers lui. C'est en saisissant cela que j'ai compris
ce que signifiait être chrétien. Je rends grâce à Dieu de
m'avoir permis de me plonger dans un contexte religieux différent
du mien pour y rencontrer le Christ en vérité et m'attacher
à lui plus fortement encore. »
Aziza, Nadia, Tarik, Youssef, Ramzi, Leïla. sont devenus
des petites sours et des petits frères d'Algérie pour Sabine.
Elle n'oublie pas non plus les échanges que les étudiants
ont eus avec les chrétiens d' Algérie, la Fraternité Charles
de Foucauld, les religieuses et les prêtres au cours du voyage,
« visages lumineux du Christ vivant ». Mgr Gabriel Piroird,
évêque de Constantine et Mgr Henri Teissier, archevêque d'Alger
les ont accompagnés « très simplement » dans ces temps forts.
Mgr Teissier les a invités à ne pas oublier que « chaque rencontre
faite laissait une part de l'un à l'autre et vice versa, et
qu'après ce voyage, une part de nous-même restait en Algérie
».
Jacques Carton
rédacteur en chef
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