Il y a cent ans, Madeleine
Delbrêl voyait le jour à Mussidan en Dordogne,
il y a quarante ans, elle nous quittait à Ivry-sur-Seine.
Elle était assistante sociale à Ivry. Elle
a puisé dans l’Évangile de quoi regarder
le monde autrement et nous pouvons encore puiser dans ce
regard de quoi transformer nos relations avec les autres
et avec Dieu. Madeleine a d’abord compris que Dieu
aime le monde d’aujourd’hui : il n’est
ni meilleur, ni pire que le monde d’autrefois. Jésus
continue de livrer sa vie pour le sauver. Il y a chez Madeleine
une tendresse manifestée à chaque homme qui
nous empêche de désespérer de lui. Il
est inutile de se braquer sur les idées, sur la façon
de vivre et d’agir de chacun. Le principal est de le
mettre au contact de la source pour qu’il se désaltère,
pour que reprennent vie les parties de lui-même qui étaient
déjà mortes. Peu à peu l’Évangile
transformera son regard et ouvrira son cœur. C’est
le pari de Madeleine chaque fois qu’elle rencontre
et accueille quelqu’un. Elle a pu ainsi faire route
avec des hommes qui ne partageaient pas ses convictions.
Elle a pu entretenir avec eux des relations claires, sans
racolage et sans concession.
Madeleine a aimé l’Église comme son
propre corps, comme sa propre famille, celle sans qui elle
ne pouvait pas vivre. Elle s’est engagée avec
réalisme sur le terrain social. Elle a vécu
dans le monde sans être du monde. Elle a fait entendre
sa différence sans toujours être comprise, mais
en étant toujours respectée.
Elle a vécu ce que nous vivons aujourd’hui.
Nous nous sentons précédés et accompagnés
par elle. Dans la Lettre aux catholiques de France, les évêques
l’ont choisi, avec Thérèse de Lisieux,
comme une balise pour nous aventurer dans le troisième
millénaire. Elle a désensablé l’Évangile,
elle nous apprend à en comprendre toute l’actualité.
En célébrant le centenaire de sa mort, nous
nous donnons la chance de la rejoindre dans ce qui fait l’actualité de
son message pour aujourd’hui : nous saisir de l’Évangile,
simplement, sans commentaires. Nous apprécierons alors
combien il demeure toujours au-delà des siècles,
une lumière pour notre vie.
Mgr Daniel Labille
Evêque de Créteil
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