Invitée par l’Association des Conférences des évêques d’Afrique centrale (ACEAC) à l’occasion de son assemblée plénière, une délégation de la Conférence des évêques de France se rend en République démocratique du Congo (du 3 au 8 juillet 2004), puis au Rwanda et au Burundi (du 9 au 13 juillet 2004). Cet événement avait été annoncé par Mgr Jean-Pierre Ricard lors de l’Assemblée plénière à Lourdes en novembre dernier.

L’Église catholique en France entend avec force les appels de ceux qui souffrent et s’associe avec ceux qui travaillent pour la paix. La délégation française sera d’abord reçue à Kinshasa par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et travaillera en particulier avec les commissions épiscopales Caritas-Développement et Justice et paix. Depuis 1998, plus de trois millions et demi de Congolais sont morts. À partir du mardi 6 juillet, la délégation participera aux travaux de l’Assemblée plénière de la Conférence des évêques d’Afrique centrale. Le vendredi 9 juillet, une partie de la délégation se rendra au Rwanda où elle sera accueillie par les évêques. Elle visitera plusieurs diocèses (Nyundo, Ruhengeri, Kigali) et des sites-mémoriaux du génocide qui a fait 800 000 morts il y a dix ans. L’autre partie de la délégation se rendra au Burundi.

Un signe de solidarité
Les membres de la délégation : Mgr Jean-Pierre Ricard (archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France), Mgr Georges Pontier (évêque de La Rochelle et vice-président de la Conférence des évêques de France), Mgr François Garnier (archevêque de Cambrai, accompagnateur de la délégation catholique pour la coopération (DCC), Mgr Daniel Labille (évêque de Créteil et président de la Commission épiscopale de la Mission universelle de l’Église), Mgr Stanislas Lalanne (secrétaire général de la Conférence des évêques de France), père Jean-Marie Aubert (directeur national des Œuvres nationales pontificales missionnaires de France et secrétaire de la Commission épiscopale de la Mission universelle de l’Eglise), père Pierre-Yves Pecqueux (supérieur du séminaire d’Orléans et secrétaire de la cellule Afrique auprès de la Présidence de la Conférence), M Xavier Lamblin (président du Comité catholique contre la faim et pour le développement, CCFD), M Pierre Levené (secrétaire général du Secours catholique). La visite de la délégation est un signe important de solidarité qui existe entre les Églises à travers le monde. Elle contribue à soutenir l’effort commun de tous ceux qui agissent à respecter l’Homme et à bâtir la paix. C’est aussi un encouragement pour ceux qui, au quotidien et sur le terrain, travaillent à la recherche de solutions de paix.

Des initiatives locales de paix pour travailler à une coordination régionale
Dans ces trois pays, la mise en place des structures et des initiatives locales de paix, tant dans les diocèses, les paroisses que dans les communautés ecclésiales de base, a permis notamment à la Commission épiscopale Justice et Paix d’enclencher le processus de mobilisation et d’engagement des chrétiens à la promotion de la dignité humaine et à la construction de la paix. En République démocratique du Congo et dans d’autres pays, il existe une commission diocésaine Justice et Paix placée sous l’autorité de l’évêque et des commissions paroissiales "en vue d’éveiller le peuple de Dieu et ses pasteurs à la conscience de leur rôle et de leurs responsabilités dans les domaines de la justice, de la paix et des droits humains, en référence à la doctrine chrétienne en vue de la transformation des structures mentales, sociopolitiques et économiques qui oppriment l’homme" (orientations pastorales des évêques RDC pour la commission Justice et paix). Un programme de mobilisation et d’accompagnement des communautés de base est mis en œuvre dans le cadre de la pastorale de l’Église catholique et un programme de construction de la paix se développe au niveau de l’Assemblée des Conférences épiscopales de l’Afrique centrale (ACEAC) pour que les commissions Justice et paix du Burundi, de la République démocratique du Congo et du Rwanda travaillent autour de priorités pastorales induisant la paix, la tolérance, la non-violence et la cohabitation pacifique dans la sous-région. À tous les niveaux, des "Apôtres de la paix" sont chargés d’organiser la médiation pour une résolution non-violente des conflits. Ainsi, le Secours catholique appuie le travail de 12 commissions diocésaines dans trois provinces ecclésiastiques du Nord et de l’Est du Congo.Il soutient deux projets d’accueil et de formation d’orphelins du sida au Burundi. Au Rwanda, le CCFD soutient un programme régional de formation et d’échanges ainsi que des actions pour la promotion de la femme.

Urgence : soutenir l’Afrique
Dans son discours aux participants du XIIe Conseil post-synodal de l’Assemblée spéciale pour l’Afrique, le 15 juin 2004, Jean-Paul II a lancé un appel énergique pour l’Afrique qui ne semble connaître "ni trêve ni paix durables". Et le Pape poursuit : "Aux conflits internationaux s’ajoutent les foyers endémiques de lutte qui sèment la terreur et la dévastation dans les populations, désireuses seulement de vivre dans une sérénité finalement retrouvée… Le Pape cite la pauvreté, le drame social du sida, l’insécurité due aux conflits "en cours ou latents", la corruption toujours présente. "Pour rompre ces nouvelles chaînes, il faut un effort commun de toutes les forces vives de la société, en particulier de celles de l’Église, qui sont déjà à l’œuvre et interviennent à tous les niveaux…". L’Église universelle a déjà rappelé cinq priorités «pour rendre aux Africains tout ce qui leur a été enlevé, souvent par la violence" : le respect de la vie et des diversités religieuses, le déracinement de la pauvreté, la fin du trafic des armes, la solution des conflits et l’action en vue d’un développement motivé de la solidarité. L’Assemblée spéciale souligne l’importance de la dimension familiale de l’Église et Jean-Paul II rappelle "la nécessité d’une réconciliation fraternelle authentique, après les plaies provoquées par les conflits…". Prochainement une nouvelle étape historique pour l’Église d’Afrique et d’Europe se fait jour: le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe et le symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SECAM) ont entrepris la préparation d’un symposium d’évêques européens et africains qui se tiendra à Rome du 10 au 13 novembre 2004. Ce sera la première fois qu’un nombre aussi important d’évêques des deux continents se réunit pour s’interroger sur la responsabilité commune vis-à-vis de l’Église et des peuples qu’ils représentent. Cinquante évêques des pays d’Afrique et cinquante évêques de pays européens, des délégués d’organismes de solidarité, des représentants de dicastères du Saint-Siège, des délégués d’organismes d’Asie et d’Amérique participeront aux travaux. Objectifs : confronter les visions de l’homme et des rapports sociaux propres à l’Afrique et à l’Europe, partager les expériences de collaboration déjà existantes, approfondir les relations de l’Église à la politique, examiner la situation de l’évangélisation en Europe et en Afrique.

Jacques Carton