Souvent, pour nos contemporains, le cinéma est un
passe-temps. Il offre une évasion par rapport à la réalité
jugée trop contraignante. Mais ce passe-temps peut
réserver des surprises : le film montre toujours plus que
lui-même.
Regarder paraît l’action la plus simple du monde, la plus
passive. En fait regarder c’est reconstruire ce qui est
montré et voir ce qui n’est que suggéré. Cela s’apprend.
Ne pas laisser nos idées préétablies et nos désirs à l’état brut filtrer ce que nos yeux voient, nous laisser atteindre par ce qui nous est donné à voir, cela demande une
discipline intérieure, une véritable ascèse.
La Semaine chrétienne du cinéma, instituée il y a 11 ans
est une invitation à éduquer notre regard. Un grand film
est un film qui montre ce que n’importe quel regard ne
voit pas.
Le thème de cette année "Enfances" éclaire la portée
de cette Semaine. Regarder l’enfance, c’est remonter au
mystère de nos origines. Regarder avec un regard
d’enfant, c’est revenir à notre capacité originelle de
vision, celle que nous avions avant d’avoir tant appris à
expliquer le monde.
Le regard et la vision sont des éléments structurant de
l’expérience chrétienne qui se construit en cherchant
l’invisible. Celui que nul n’a jamais vu s’est révélé et
s’est dévoilé à nos yeux en la personne de Jésus, sans
pourtant quitter son mystère. Mais seuls ceux qui
accueillent le Christ comme des enfants sont capables
de cheminer vers la vision finale : apprenons à
regarder !
Mgr André Vingt-Trois
Archevêque de Paris
|