Vous êtes rassemblés dans la fidélité du souvenir.
Je m’associe de tout cœur à votre prière pour Soeur Léonie Duquet et Soeur Alice Domon. Leurs noms réveillent en moi les heures tragiques vécues à Buenos-Aires en décembre 1977 lorsque j’avais été envoyé par l’Episcopat français pour faire la lumière sur leur disparition. J’avais mesuré alors la qualité du témoignage évangélique qu’elles portaient au milieu des plus pauvres en même temps que je percevais la violence qu’engendrent les régimes de dictature fondés sur le mépris de la personne humaine.
Dans ces situations extrêmes, beaucoup ont fait preuve de courage en dénonçant les arrestations arbitraires et les conditions inhumaines de détention. D’autres, hélas, se sont tus par peur, comme toujours lorsque le système politique se fonde sur la délation et le chantage. Les martyrs de la foi auront été nombreux à féconder cette terre d’Argentine en cette période de l’histoire de ce pays et, parmi eux nous honorons la mémoire de Sœur Alice et de Sœur Léonie.
Il est difficile de pardonner à ses bourreaux. Nous ne doutons pas pourtant, que nos sœurs ne l’aient fait en fidélité à l’Evangile du Christ. Pardonner n’interdit pas l’action en justice. Pardonner révèle que la victime torturée est plus digne dans sa détresse que le bourreau apparemment vainqueur. C’est ce que nous révèle la Croix du Christ dorénavant plantée au cœur de ce centre de détention où nos soeurs ont connu l’épreuve de l’humiliation et de la souffrance. Elles auront été les icônes du Christ de la Passion dans l’attente de la Résurrection.
+ Bernard Panafieu
Cardinal Archevêque de Marseille
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