Si les chrétiens ont une occasion
privilégiée de se rappeler tout ce que leur
foi doit à l’action de l’Esprit Saint,
c’est bien lors de ces jours qui séparent les
deux fêtes liturgiques de la Pentecôte et de la
Trinité. Car la célébration de la Trinité
– originalité radicale de la foi chrétienne
– n’est rendue possible que par la lumière
que nous donne l’Esprit Saint sur Dieu et sur sa manifestation
dans la personne de Jésus le Christ.
L’image la plus forte qui permet de
comprendre non seulement la réalité mais l’action
de l’Esprit Saint, c’est bien celle du souffle.
Souffle qui exprime la vie, constitue une véritable
force, renouvelle et fait avancer. Première manifestation
de Dieu dans le livre de la Genèse : « et le
souffle de Dieu planait sur les eaux… » (Gn 1,2),
immédiatement lié à la Parole créatrice
(Gn 1,3), il est lui-même créateur : «
Tu envoies ton souffle, ils sont créés…
» (Ps 104,30). Souffle qui accompagne tout au long l’action
des prophètes (Ez 37,5).
Souffle est souvent équivalent à
Esprit et même à vent dans nos traductions. Dans
la rencontre entre Jésus et Nicodème, c’est
le même mot grec pneuma qui est traduit par vent et
par Esprit : « Le vent souffle où il veut et
tu entends sa voix mais nul ne sait ni d’où il
vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est
né de l’Esprit… » (Jn 3,8).
À la Pentecôte, après
que Jésus ait annoncé que la «force »
de l’Esprit Saint descendrait sur les apôtres
(Ac 1,7), c’est comme « un vent violent qui remplit
toute la maison.. » (Ac 2,1-2)… Mais c’est
aussi cet Esprit-vent, cet Esprit-souffle, cet Esprit-force,
que Jean appelle « Esprit de Vérité »
ou « Paraclet », qui « enseignera toutes
choses » et « rendra témoignage de Jésus
(Jn 14,26 ;15,26). Souffle-lumière qui nous permet
aujourd’hui de nommer Dieu comme Père, comme
Fils et comme Esprit…
Ce « souffle imprévisible »
conduit l’Église depuis l’origine, permet
l’audace des changements et le courage du témoignage.
Il ranime l’espoir en permanence, fait que rien n’est
jamais perdu et guide, jusque dans leur provocation évangélique,
les prophètes d’aujourd’hui…
Il n’y a pas de foi chrétienne sans ce souffle…
Expression, dans nos registres humains, de l’Amour de
Dieu et de l’Amour que nous nous donnons. Cette année,
la fête de la Sainte Trinité correspond à
notre fête des mères. Comment ne pas songer alors
au lien mystérieux entre le souffle qui nous a donné
la vie et ce souffle divin répandu dans l’univers
?
Bonne fête à Dieu en son Amour
trinitaire, à Marie, sainte Mère de Dieu, et
à toutes nos mères de la terre et du ciel….
Monseigneur André Dupleix, Secrétaire général
adjoint de la Conférence des évêques de
France
Billet paru dans la Courrier français, juin 2007
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