Un séminaire organisé conjointement
par le Symposium des Conférences Episcopales d’Afriques
et du Madagascar (SCEAM et le Conseil des Conférences
Episcopales d’Europe (CCEE) pour commémorer le
200e anniversaire de l’abolition de l’esclavage
en Afrique, s’est déroulé du 13 au 18
novembre à Cape Coast au Ghana sur le thème
: « Je connais la souffrance de mon peuple » (Exode3
:7) l’esclavage et les nouvelles formes d’esclavage.
Il a pris fin avec un appel à d’accorder une
grande attention aux nouvelles formes d’esclavage qui
sont probablement pires que la traite négrière
de jadis. Des nouvelles formes d’esclavage (le trafic
humain, le travail forcé, les enfants soldats, la prostitution
et autres) surtout dus à l’énorme division
économique entre les pays riches et pauvres et entre
les riches et les pauvres de toute société donnée.
Les évêques ont souligné que, pour réduire
l’écart existant, il y a lieu de chercher et
d’appliquer un nouveau changement de paradigme en vue
de parvenir à un nouvel ordre économique international
qui garantit une distribution plus équitable des ressources
du monde. Ils ont ajouté qu’il était important
de se passer du désir de dominer les autres et de la
culture de l’esclavage et de la servitude.
Les temps forts du séminaire
Le séminaire a été
officiellement ouvert le 13 novembre par les Cardinaux
Josif BOZANIC de la Croatie et Théodore Adrien
SARR du Sénégal, Vice président
du CCEE et du SCEAM.
En souhaitant la bienvenue aux participants
du séminaire au nom du Cardinal Polycarp Pengo,
le Président du SCEAM, le Cardinal SARR a lancé
un appel aux participants de déployer des efforts
sincères pour combattre les nouvelles formes
d’esclavage en Afrique, en Europe et dans d’autres
parties du monde.
Dans son allocution d’ouverture,
le Cardinal Josif BOZANIC, Vice président du
CCEE a noté que de nos jours, plusieurs personnes
en Europe et en Afrique continuent d’être
des esclaves à la pauvreté et aux injustices
à cause de la distribution inéquitable
des ressources de la planète.
Il a défini les diverses formes
de l’esclavage issues de la culture du modernisme
et de la sécularisation qui relèguent
Dieu à la sphère privée de l’existence
humaine et à un fondamentalisme religieux croissant
qui essaie de s’imposer par la force.
Le Cardinal Peter Turkson, Archevêque
de Cape Coast, Ghana a dans une présentation
sur la perspective biblique-théologique relative
au thème du séminaire fait cas à
l’expérience d’exode du peuple d’Israël.
Il a examiné un texte de l’Exode qui se
réfère à la détresse spirituelle
et émotionnelle qui a conduit au cri de secours
du peuple de Dieu.
La réponse de Dieu à
ce cri, a-t-il poursuivi, est le salut, un acte de la
vertu de Dieu et de la manifestation de son pouvoir
pour sauver les pauvres et les opprimés. Le Cardinal
Turkson a considéré ceci comme un paradigme
car, des interventions similaires où Dieu sauva
les opprimés et le nécessiteux dans l’Ancien
Testament constituent la base d’une éthique
de préoccupation sur le sort des pauvres et des
affligés. Cette préoccupation est ce que
Jésus est venu résoudre par son ministère
de salut à l’humanité et qu’il
a remise à l’Eglise et aux chrétiens
du monde d’aujourd’hui.
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Une rencontre, signe de communion et de solidarité
entre l’Afrique et l’Europe
Monseigneur Giordano Aldo, Secrétaire General du CCEE,
a noté que la rencontre des évêques d’Afrique
et d’Europe est un signe de communion et de solidarité
entre l’Afrique et l’Europe qui date depuis des
années et découle de l’initiative de quelques
évêques d’Afrique et d’Europe.
Le séminaire, a-t-il poursuivi, témoigne aussi
de la collaboration croissante entre les évêques
de d’Europe et d’Afrique qui vise à approfondir
leur responsabilité mutuelle dans le cadre de l’évangélisation
et la promotion des bonnes relations entre leurs continents
respectifs.
Les évêques se sont dans leurs contributions
associés à la déclaration du Pape Jean
Paul II du 22 février 1992 sur les crimes de la traite
négrière lors de sa visite de l’Ile de
Gorée au Sénégal :
« Ces hommes, ces femmes et ces enfants furent victimes
d’une traite honteuse…comment pouvons-nous oublier
les grandes souffrances infligées aux populations qui
furent déportées du continent Africain en ignorant
leurs droits humains les plus élémentaires ?
Comment pouvons-nous oublier, les vies humaines qui furent
supprimées par l’esclavage ? il est nécessaire
de confesser en toute franchise et humilité ce péché
de l’homme envers son prochain, ce péché
de l’homme envers Dieu…Prions pour que le fléau
de l’esclavage puisse disparaitre pour toujours avec
ses conséquences…Essayons en même temps,
de contrecarrer les nouvelles formes d’esclavage qui
sont souvent insidieuses, tout comme la prostitution organisée
qui exploite de façon honteuse la pauvreté des
populations du tires monde…Prions pour que la violence
et l’injustice parmi les peuples puissent s’arrêter
en vue d’exposer les nouveaux foyers de haine et de
vengeance et de consolider le respect, la compréhension
et l’amitié parmi les peuples. »
300.000 enfants soldats dans le monde
Dans son exposé sur la restauration de la dignité
humaine – les filles de Gulu en Ouganda, le Président
de MISEROR, Monseigneur, Professeur Joseph Sayer a affirmé
que le phénomène des enfants soldats est une
forme brutale et violente de l’esclavage moderne. Il
a noté qu’il existe environ 300.000 enfants soldats
dans le monde entier où les pays les plus affectés
sont : l’Ouganda, le Libéria, la Sierra Leone,
le République Démocratique du Congo, le Soudan,
les Philippines, la Colombie et le Pérou. Dans la plupart
des cas, ces filles et ces garçons sont abusés
en permanence comme des agents secrets ou des détecteurs
des mines interpersonnelles ou sont contraints à garder
les lignes de front des combats.
Il a condamné ceux qui font des bénéfices
à travers la vente des armes qui sont utilisées
par les seigneurs de guerre et les enfants soldats. Monseigneur
Sayer a noté qu’il est triste de constater que
la vente d’armes qu’il a qualifiée d’affaire
sanglante continue de plus belle sans aucune intervention
efficace de la part de la communauté Internationale
et des politiciens.
Le discours qui a été lu en son nom par l’évêque
Peter Atuahene du Ghana était aussi base sur les engagements
de MNISEROR dans des projets de réhabilitation des
anciens enfants soldats en Ouganda.
Le séminaire s’est aussi focalisé sur
la migration et a exploité les perspectives pastorales
et théologiques de promotion d’une culture de
vie et de famille. Il a défini les moyens d’une
collaboration plus grande entre les églises d’Afrique
et d’Europe.
Les questions suivantes entre autres, qui vont à l’encontre
du développement d’Afrique ont été
aussi évoquées et accordées l’attention
nécessaire :
- Les systèmes d’échanges inéquitables
entre l’Afrique et le reste du monde,
- La charge des dettes et la nécessité du
monde industrialisé d’annuler ces dettes,
- Le trafic des êtres humains et des drogues ; l’exploitation
sexuelle ; le travail forcé ; la prostitution forcée
; les enfants soldats et les enfants de rue.
Les évêques ont lancé au sujet de tous
ces défis, un appel à l’instauration d’une
culture de respect aux droits humains et ont souligné
le rôle de l’église dans la prise en charge
pastorale des migrants et pour renforcer sa fonction de plaidoyer.
Les évêques des deux continents organiseront,
un séminaire sur la migration à Liverpool en
Angleterre en novembre, l’année prochaine. En
2009, une délégation des évêques
d’Europe va se joindre à ses collègues
d’Afrique pour commémorer le Jubilé Rubis
(40ème anniversaire) du SCEAM. Un colloque sera organisé
en novembre 2010 sur l’Evangélisation à
Rome en Italie.
Les évêques ont conclu leur séminaire
avec un message qui a été adressé à
leurs différents gouvernements à travers les
conférences épiscopales sur un certain nombre
de questions qu’ils aimeraient examiner au cours du
prochain sommet entre l’Union Africaine et l’Union
Européenne qui se tiendra à Lisbonne au Portugal
au début du mois prochain.
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