Entrevue avec Mgr Bruguès, évêque d'Angers
Dimanche 27 janvier, au cours d'une messe à la cathédrale
d’Angers, Mgr Bruguès fera ses adieux aux chrétiens
du diocèse
d’Angers qui le remercieront à cette occasion.
Nommé secrétaire de la Congrégation pour
l’éducation catholique à la curie Romaine,
il prendra ses nouvelles fonctions le 1er février
****
Catholiques en France :
Quel est le rôle de la Congrégation pour
l’éducation catholique ?
Mgr Jean-Louis Bruguès :
La Congrégation comporte trois départements.
Le premier est responsable de l’ensemble des universités
catholiques du monde entier, qui sont présentes sur
tous les continents, le deuxième a la charge des séminaires,
le troisième des écoles. Je suis bien décidé
à travailler en étroite collaboration avec la
Congrégation pour l’évangélisation
des peuples qui s’occupe des séminaires et des
écoles présents dans les nouveaux diocèses,
principalement en Afrique et en Asie. Mon préfet, le
cardinal Zenon Grocholewski, m’a indiqué souhaiter
assurer les principaux voyages. J’aurai en charge la
marche effective de la Congrégation. J’ai déjà
rencontré la trentaine de personnes qui y travaillent.
Qu’est-ce qui vous a préparé
à cette fonction ?
L’enseignement universitaire est ma passion ! À
côté de ma vocation religieuse, j’ai la
vocation d’enseignant, d’éducateur, de
pédagogue et ces qualités me seront sans doute
utiles. J’ai eu la chance d’être au contact
de la jeunesse pendant presque trente ans, notamment à
l’Institut catholique de Toulouse, puis à l’université
de Fribourg (Suisse). Ces générations de jeunes
m’ont permis de suivre les évolutions de la société
mieux que je n’aurais su le faire autrement. Mes huit
années d’expérience de ministère
épiscopal m’ont également donné
la joie d’entretenir avec les jeunes une relation immédiate.
L’Enseignement catholique touche, en Anjou, presque
un jeune sur deux, et l’évêque d’Angers
est toujours le chancelier de l’Université catholique
de l’Ouest.
Quelles sont les dimensions particulières
de l’éducation catholique ?
Elles tiennent dans la définition même de catholique.
Le terme signifie d’abord universel, que les établissements
traduisent par un souci d’ouverture au plus grand nombre.
Au-delà des personnes, je pense qu’un enseignement
catholique est un enseignement de la curiosité universelle.
Le terme induit aussi la confession de cette foi particulière,
soit un souci de connaissance de soi, de son identité.
Chaque établissement, chaque enseignant se trouve confronté
à cette tension, que je juge féconde, entre
universalisme et spécificité, entre curiosité
et confession de la foi. La manière d’associer
ces deux pôles varie selon les époques et les
lieux. Mais si elle ne reposait que sur un seul, l’éducation
catholique se retrouverait amputée d’une dimension
essentielle.
Que retenez-vous de vos années d’épiscopat
à Angers ?
L’Église d’Angers a des forces vives considérables,
elle a souvent forcé mon admiration par la générosité
des laïcs et le répondant des jeunes. Vingt mille
personnes se sont impliquées dans la démarche
synodale ! Je suis heureux d’avoir accompagné
cette aventure, d’abord spirituelle. Nous avons bien
travaillé et nous avons une bonne charte missionnaire.
Il y a des évêques qui sèment, d’autres
qui récoltent. Je crois avoir semé pour les
dix années à venir. D’ailleurs, la première
des propositions de notre charte invite à « miser
sur les jeunes ». Elle exprime un souci porté
par le diocèse et un pari sur l’avenir. Risquer,
servir, aimer sont les clés de notre charte et pourraient
être la devise du diocèse.
Que représente pour vous ce départ
pour le Vatican ?
Ma nomination exprime une marque de confiance personnelle
de la part du Saint-Père. J’ai été
membre de la Commission théologique internationale
pendant seize ans. À ce titre-là, j’ai
travaillé avec le cardinal Ratzinger et j’ai
su apprécier le grand pédagogue qu’il
est. J’ai toujours été malheureux de ses
caricatures de fermeté alors que je connais ses vraies
qualités humaines et spirituelles. Travailler au centre
et pour le bien de l’Église universelle est plutôt
exaltant ! Je suis heureux de retrouver les autres Français
à Rome et je suis persuadé que nous ne cultiverons
pas la nostalgie !
|
|