Avec la semaine missionnaire mondiale, nous sommes invités
à porter dans la prière les difficultés
et les peines des Églises du monde entier, à
communier à leurs joies. Devant les opérations
de guerre, nous sommes invités à prier pour
la paix, toujours et à nouveau.
Et puis, il y a mes rencontres quotidiennes : ces personnes
qui en portent lourd, qui se débattent dans les difficultés
de la vie ; ce groupe d'adolescents qui me disent leur crainte
devant l'avenir, leur doute sur leur capacité à
vivre et à aimer en chrétiens ; ces jeunes adultes
qui ont réussi à rassembler de façon
conviviale et chaleureuse bien des personnes dans le soutien
d'un organisme en lutte contre le cancer, dans un acte de
solidarité internationale ; ces personnes atteintes
par de gros problèmes de santé ; ces amis qui
recommencent à vivre après un temps de découragement
J'écoute, je manifeste ma présence et ma solidarité.
Je n'ose pas trop encourager. J'ose encore moins dire : je
prierai pour vous. Pudeur et respect. Il est, du moins pour
moi, des paroles trop faciles, des promesses qui ne sont que
des formules. Et pourtant, c'est aussi devant Dieu que je
me retrouve avec ces réalités du monde d'aujourd'hui,
avec mes rencontres quotidiennes. Peut-être est-ce cela,
la prière d'intercession ? pas feuilleter mon carnet
d'adresses ni tourner les pages du journal, encore moins lire
distraitement des formules politiquement correctes de prière
universelle, mais simplement me tenir devant Dieu avec ce
qui me marque et qui fait ma vie. Comment cela ne serait-il
pas présent à ma prière ? Comment ma
prière ne me renverrait-elle pas à la justesse
de ma relation, de ma façon de prendre soin de l'autre,
de ma parole ou de mon silence ?
Prier devant les drames du monde, ou dans les rencontres
de nos journées, ce n'est pas nous en tirer avec des
formules pieuses, c'est faire uvre de vérité
dans notre façon de nous situer. C'est accepter d'être
avec le Christ dans la douleur du monde et la souffrance de
Dieu. C'est entendre la parole de jésus aux disciples
qui n'ont pas pu chasser un démon : " cette espèce-là
ne s'en va que par la prière et par le jeûne
" Peut-être en est-il ainsi des démons du
terrorisme et de la guerre. Peut-être avons-nous à
prendre des initiatives personnelles et collectives en ce
sens ?
+ Francis Deniau
Évêque de Nevers
|
|