Le jeûne pour la Paix demande par notre Pape s'inscrira
tout naturellement dans ce temps de l'Avent qui nous conduit
à Noël !
Supprimer un repas, consacrer un temps de prière, c'est
aller chercher au cur de notre foi ce désir de
Paix qui est déjà en nous un premier fruit de
l'Esprit.
La paix que nous voulons n'est pas seulement la tranquillité
qui nous permettrait de jouir sans risque des petits privilèges
de la vie. La présence aux portes de nos pays nantis
des étrangers qui nous demandent de partager ne peut
nous laisser en paix !
La paix que nous voulons n'est pas la victoire de nos armées
qui auraient écrasé tout adversaire. Le silence
des cimetières n'est pas la paix de Dieu. Notre Dieu
nous invite a vivre ensemble et non pas de survivre seuls
!
La paix que nous voulons n'est pas le cessez-le-feu provisoire
qui laisse les armées retrouver des munitions et les
ames se recharger de haine. Faire chuter le nombre de morts,
viser le " zéro mort " n'est pas suffisant.
Le prince de la Paix que nous attendons vient à nous
pour révéler la Paix que Dieu nous offre.
La Paix d'un Dieu à visage humain ! Non pas la perfection
d'une Idée, la Justice d'une abstraction, la Pureté
d'un absolu mais Quelqu'un qui vient marcher sur les chemins
ambigus de l'histoire.
La Paix d'un Verbe qui appelle l'homme à la parole,
au dialogue, à l'écoute de l'autre, à
la recherche du compromis en attendant la synthèse
triomphante.
La Paix vue du point de vue du plus bas, de l'enfant, du pauvre,
du faible, de l'errant. La raison du plus fort ne sera jamais
la sagesse de Dieu.
La Paix qui commence petit et qui demande du temps pour grandir,
pour s'aguerrir, pour s'habituer à une Terre Promise
pour tous.
La Paix qui ne tombe pas du ciel comme un colis parachuté
mais comme une semence pour notre terre, comme un enfant confié
à soins, comme un étranger en quête d'être
logé.
Si nous jeûnons, c'est pour maîtriser un peu
les forces agressives de la vie. Le vivant d'ordinaire ne
survit qu'en tuant ! Pour vivre, il faut manger, chasser,
tuer, écraser, détruire ! Alors, une fois, un
jour, un repas sans détruire
pour laisser une
place au Prince de la Paix !
La vraie Paix n'est pas spontanément dans la ligne
de nos attentes, de nos espoirs. Il faut convertir nos désirs
de paix. Jeûner et prier pour que Dieu dépose
son Fils, son mot d'amour, dans le secret de nos consciences
pour que, doucement, l'Esprit nous transforme.
Chaque communauté chrétienne devrait proposer
quelques rendez-vous pour cette démarche collective
de jeûne et de prière. Au sein d'une opinion
publique rongée par la peur et l'esprit de vengeance,
avec le Saint-Père, préparons Noël comme
un temps d'Espérance et de Paix.
+ Mgr Jacques Noyer
Evêque d'Amiens
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