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Dossiers spéciaux



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Accès à Jésus et foi de l'Église
Réflexion de Mgr Francis Deniau, évêque de Nevers sur l'émission diffusée le 10 avril 2004

Le jeu de mots latin qui donnait son titre à la première série : "corpus Christi" manifeste bien le propos des auteurs. Il s'agit à la fois du "corps" du Christ, réel, résistant, personnel - et du "corpus" des textes qui le donnent à connaître, avec la conviction que la Révélation est d'abord événement de parole, et qu'on l'approche en circulant dans les textes.

Cela rejoint bien l'exploration des textes que les traditions juive et chrétienne ne cessent de développer, chacune à sa propre façon, mais avec des manières de faire qui peuvent s'épauler et se répondre.

La difficulté surgit quand "derrière" ces textes on veut trouver ce qu'ils chercheraient à cacher,. Elle surgit quand on quitte le travail des textes pour imaginer "derrière" des "faits historiques" que nous trouverions aujourd'hui et que les textes auraient pour but de nous cacher plutôt que de nous en parler. Un tel travail, pour être légitime, demanderait plus de modestie que n'en montre la série. Quelle serait donc cette "vérité" que moi seul pourrais découvrir en me méfiant des sources qui sont sensées me l'apporter ?

Il y a un siècle, Albert Schweitzer notait déjà : "La recherche sur la vie de Jésus eut un destin singulier : elle se mit en route pour trouver le Jésus historique et pensa qu'elle pourrait alors le faire entrer tel qu'il est, comme maître et sauveur, dans notre temps. Elle détacha les liens qui l'attachaient depuis des siècles au roc de l'enseignement de l'Église, et se réjouit lorsque la forme prit mouvement et vie, lorsqu'elle vit venir à elle l'homme Jésus historique. Mais il ne resta pas, il passa à côté de notre temps et retourna dans le sien."

En fait, je ne peux l'approcher que dans l'enseignement de l'Église. Les vingt siècles de christianisme ne me le cachent pas mais me le présentent, sans que je ne puisse jamais m'estimer plus sage ou plus habile que tous ceux et celles qui avant moi l'ont accueilli dans l'ouverture de leurs vies et dans leurs manières de vivre.

"Je vous ai transmis ce que j'ai moi-même reçu" dit Paul (1 Corinthiens 11, 23 et 15, 3 ). Je ne peux accueillir vraiment Jésus que dans une Église qui me le donne. Lui-même vient à moi, non dans des idées ou des convictions intellectuelles ou morales, mais dans les gestes concrets et la communion d'une communauté qui me précède et me le donne. Je ne deviens pas chrétien en adhérant à des convictions, mais en entrant dans la démarche d'une Église que le Ressuscité rassemble. Une fois pour toutes, par le baptême, il m'associe à sa mort et à sa résurrection. Dans le rassemblement ecclésial du jour de sa résurrection, le dimanche, il m'invite sans cesse à nouveau à son repas. Il refait pour la communauté rassemblée le geste dans lequel, au cours du dernier repas, il s'est redonné tout entier au Père en se donnant à nous totalement, corps et sang. C'est lui qui, en Église, me prend par la main pour m'apprendre à vivre et à aimer avec lui et à sa manière.

L'expérience chrétienne repose sur la foi en la résurrection de Jésus - réalité qui est transmise par une parole de témoins. Cette foi donne naissance à l'Église, et je la reçois de l'Église. Je peux lui donner ou non mon assentiment. Je ne peux la réduire à un "fait brut" de l'histoire, sauf à passer complètement à côté de sa signification. Il est avéré dans la recherche historique qu'on ne prête attention aux faits bruts que parce qu'ils font sens. À strictement parler, il n'y a pas de faits bruts qui s'imposent d'eux-mêmes.

Par contre, ce qui est de l'histoire, c'est le fait que des témoins ont répandu cette parole, que cela a suscité de nombreuses adhésions, donné naissance à une nouvelle religion issue du judaïsme et qui s'en est séparée dans une rupture douloureuse, obscure, mais décisive. Ce qui était en jeu, c'était le sens de la parole et des actes de Jésus, de sa vie, sa mort et sa résurrection ; c'était le mystère de sa Personne.

Aujourd'hui comme alors, je n'ai d'accès à Jésus qu'à travers la parole de ces témoins. Je peux ajouter foi à cette parole, en homme du XXI siècle,. C'est une décision radicale, qui engage toute la vie, et qui se déploie dans un itinéraire très personnel. Les recherches historiques importent au croyant, et peuvent même le passionner. Elles peuvent être une enquête nécessaire à la démarche de foi. Le rapport Régis Debray sur l'enseignement du fait religieux à l'école notait récemment qu'on aurait tort d'opposer lecture confessante et lecture critique : les mêmes personnes peuvent mener conjointement les deux. Bien des exégètes qui interviennent dans ces émissions en sont les témoins vivants.

Mais la démarche de foi ne suppose pas qu'on ait fait le tour de toutes les questions - tour qui ne sera d'ailleurs jamais achevé. Elle ne repose pas sur une appréciation de l'histoire, mais sur une parole qui peut être reçue comme décisive dans ma relation à Dieu, aux autres et à moi-même. Et l'accueil de cette parole ne sera non plus jamais achevé.