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Dossiers spéciaux



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Actualité des dons de Dieu au peuple juif
Réflexion de Mgr Francis Deniau, évêque de Nevers
sur l'émission diffusée le 16 et 17avril 2004

Paul, dans l'épître aux Galates 6, 15-16 , après avoir affirmé : "la circoncision n'est rien, ni l'incirconcision ; il s'agit d'être une créature nouvelle" ajoute : "à tous ceux qui suivront cette règle, paix et miséricorde, ainsi qu'à l'Israël de Dieu". On a souvent opposé cette expression à 1 Corinthiens 10, 18  qui parle de l'Israël selon la chair , en l'interprétant comme le peuple juif, alors que les chrétiens seraient l'Israël de Dieu , le véritable Israël.

La communauté chrétienne se serait ainsi substituée, à ses propres yeux, au peuple d'Israël, qui aurait perdu ce qui le qualifiait comme peuple de Dieu. Cette théologie s'est développée dans l'histoire du christianisme, et elle a produit des fruits amers. Si l'Église est le véritable Israël, il n'y a plus de place dans ce monde pour Israël. Tout au plus, selon saint Augustin, demeure-t-il comme peuple témoin d'une élection devenue caduque, mettant en relief l'élection actuelle de l'Église.

La dernière émission sur "l'origine du christianisme" développe ce thème sous le titre "le véritable Israël", et y voit la source majeure d'un antagonisme irréductible entre christianisme et judaïsme.

Il est vrai que l'histoire a bien des fois illustré cela, avec toutes les conséquences dramatiques que nous savons, en termes d'expulsion, de persécutions et de meurtres. Il y a eu un antijudaïsme chrétien, qui a été une des sources de l'antisémitisme.

Mais cet antijudaïsme, tout en se référant à Paul en débat avec ses coreligionnaires, oublie le texte dans lequel le même Paul, après avoir douloureusement vécu ce qu'il appelle le mystère de l'endurcissement d'Israël (Romains 11, 25 ) prend le temps d'une réflexion théologique plus élaborée. C'est comme Juif qu'il s'interroge sur le mystère d'Israël dans les chapitres 9 à 11 de l'épître aux Romains.

"J'affirme ceci dans le Christ, car c'est la vérité, je ne mens pas, et ma conscience m'en rend témoignage dans l'Esprit Saint. J'ai dans le cour une grande tristesse, une douleur incessante. Pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais même être maudit, séparé du Christ : Ils sont en effet les fils d'lsraël, ayant pour eux l'adoption, la gloire, les alliances, la Loi, le culte, les promesses de Dieu ; ils ont les patriarches, et c'est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement." (Romains 9, 1-5 ) Il faut lire ce texte complexe, dans lequel Paul rappelle aux païens devenus chrétiens qu'il sont été en quelque sorte greffés à l'envers, eux les sauvageons, sur le tronc du bon olivier, et qu'ils n'ont pas à se glorifier au détriment de la racine et du tronc qui les portent. Ainsi "l'annonce de l'Évangile en a fait des ennemis de Dieu, et c'est à cause de vous"(cela a provoqué la conversion des païens) ; "mais le choix de Dieu en a fait des bien-aimés, et c'est à cause de leurs pères. Car les dons de Dieu et son appel sont irrévocables." (Romains 11, 28-29 )

Depuis soixante ans, devant la confrontation aux persécutions nazies et à la shoah, les chrétiens ont repris conscience de ce rappel de Paul : "les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables". Ils ont redécouvert concrètement la présence d'Israël, et redécouvert que la fidélité d'Israël à sa Torah avait, aujourd'hui et non seulement dans le passé, un sens spirituel, une signification dans le dessein de Dieu pour le monde.

Cette redécouverte s'est faite dans l'ensemble des Églises chrétiennes. Pour l'Église catholique, elle a été exprimée avec autorité par le concile Vatican II. Ainsi, après avoir cité ces parole de Paul, rappelé tout ce que l'Église doit au peuple juif, et avant de condamner toute forme d'antisémitisme, Vatican II déclare : "Du fait d'un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le Concile veut encourager et recommander entre eux la connaissance et l'estime mutuelles, qui naîtront surtout d'études bibliques et théologiques, ainsi que d'un dialogue fraternel."

Connaissance et estime mutuelles, dialogue fraternel, études bibliques et théologiques se sont développées depuis. Aujourd'hui, l'Église a répudié toute "théologie de la substitution" et reconnaît l'élection actuelle du peuple juif, "le peuple de Dieu de l'Ancienne Alliance qui n'a jamais été révoquée" selon l'expression du Pape Jean-Paul II devant la communauté juive de Mayence le 17 novembre 1980.

Cela oblige à toute une relecture de la Tradition, à un travail d'interprétation, à frais nouveaux, des deux Testaments. C'est une voie dans laquelle le Pape Jean-Paul II a tout particulièrement ouvert le chemin.

La "théologie de la substitution", qui a fait beaucoup de mal, n'est pas la pensée de l'Église d'aujourd'hui. La reconnaissance de la signification actuelle de la fidélité d'Israël est la voie sur laquelle l'Église s'est engagée, en y découvrant un approfondissement de sa compréhension d'elle-même, de la signification de la bonne nouvelle du Christ, et de l'espérance pour le monde.

Pour en revenir à l'épître aux Galates, un texte de la Commission Biblique pontificale sur le Peuple Juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne (2001) conclut une enquête minutieuse : "Jamais le Nouveau Testament n'appelle l'Église "le Nouvel Israël". En Galates 6,16, "l'Israël de Dieu" désigne très probablement les Juifs qui croient en Jésus."