« Dire que l’autre est
un frère ne suffit pas »
Interview de Mgr Shockert, Évêque
de Belfort-Montbéliard,
membre de la Commission pour la mission universelle de l’Église
et évêque en responsabilité de la pastorale
des migrants et des personnes itinérantesInterview
Source: Revue Catholique en France N°23
Quel est l’objectif
de la Journée mondiale du migrant et du réfugié
?
En choisissant d’insister sur le regard vers l’autre,
la pastorale des migrants cherche à permettre aux communautés
chrétiennes de s’ouvrir aux questions des réfugiés
et des migrants. Dire que l’autre est un frère
ne suffit pas, il faut l’accueillir. C’est à
nous de faire le premier pas. Cela relève de notre
engagement chrétien. C’est ainsi que le regard
peut devenir réciproque. Et quand la réciprocité
existe, c’est la fraternité qui est à
l’œuvre. Toutes les paroisses, même si elles
ne se caractérisent pas par une forte présence
de migrants et d’étrangers, se doivent de prendre
en considération ceux qui sont à leurs côtés.
Grâce à la journée mondiale, les paroisses
peuvent orchestrer à leur manière, selon leurs
réalités, le souci de l’autre.
La pastorale des migrants
se résume-t-elle au seul effort de solidarité
?
La solidarité fait nécessairement partie de
l’agir chrétien. Mais la pastorale des migrants
a pour objectif également d’aider toute l’Église
à vivre et à mieux prendre conscience de la
dimension de sa catholicité. Nos communautés
ecclésiales ont à reconnaître leur pluralité
et leur diversité comme une richesse. Il est facile
d’aimer nos semblables, il est en revanche plus difficile
d’accepter, de reconnaître et d’aimer une
personne avec une culture, une histoire et une identité
différentes. En accomplissant cet effort, on entre
dans le projet de Dieu qui nous dit : « Tu es aimé
de manière unique. »
Comment donner toute leur
place aux communautés d’origine étrangère
?
Les préjugés doivent se transformer en «
a priori favorable ». La journée mondiale fait
partie des événements qui rendent possible la
prise en compte de la force et de la présence des communautés
catholiques étrangères. Prenez par exemple les
Vietnamiens qui ont rassemblé à Lourdes, en
2006, près de 400 personnes, dont 30 prêtres,
ou les Portugais qui, autour de Notre-Dame de Fatima, réunissent
18 000 fidèles au Mont-Roland, dans le Jura, chaque
année! Ce sont des attachements forts. Les catholiques
d’origine étrangère ont besoin de se retrouver
ensemble autour de leurs traditions. Ces temps forts entre
eux sont complémentaires de leur intégration
dans les paroisses.
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Pour aller plus loin
Les
Églises, les migrants et les réfugiés,
35 textes pour comprendre, préface de Mgr Jean-Luc
Brunin, postface de Mgr Claude Schockert, coordonné
par le P. Bernard Fontaine, Éd. de l’atelier,
128 p., 15 euros.
Documents
Épiscopat, n°7-8/2004, « Quand l’étranger
frappe à nos portes », 70 p., 8 euros.
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