Lettre du Pape Jean-Paul II aux artistes
À tous ceux qui, avec un dévouement passionné, cherchent
de nouvelles "épiphanies" de la beauté pour en faire don
au monde dans la création artistique. "Dieu vit tout ce
qu'il avait fait : cela était très bon"
(Gn 1, 31).
L'artiste, image de Dieu Créateur
"L'Eglise a besoin de l'art"
CITE DU VATICAN, 23 AVR 1999 (VIS).
Ce matin, près la Salle-de-Presse du Saint-Siège,
le Cardinal Paul Poupard, Président du Conseil pontifical
pour la Culture, a présenté la "Lettre
de Jean-Paul II aux artistes".
Le Cardinal a indiqué que, dans cette lettre, le
Pape recueille "d'une façon très personnelle
les réflexions nées durant sa vie, de ses
propres expériences artistiques, de poète,
d'écrivain, de dramaturge, d'artiste et de Pape également".
"Il y a 3 perspectives bien précises dans lesquelles
le Pape place son dialogue personnel avec les artistes:
une théologique, une historique...et une éthico-existentielle".
A propos de la perspective théologique, le Cardinal
a déclaré que "la Trinité Père,
Fils et Esprit, entre et occupe l'âme de l'artiste
et ses créations.
Quant à la perspective historique, le Pape rappelle
à titre d'exemple que dans le monde classique, "le
Beau se conjuguait avec le Vrai".
La caractéristique du Moyen-Age est l'"Art de
icône", tandis qu'à la Renaissance, on
trouve "l'attention à l'homme, au monde et à
la réalité de l'histoire n'est pas en elle-même
un danger pour la foi chrétienne, fondée sur
le Mystère de l'Incarnation".
Le Saint-Père écrit encore dans cette lettre
que "l'époque moderne enfin, avec ses ombres
et ses lumières, est caractérisée par
l'absence et parfois par l'opposition à Dieu".
En troisième lieu, a poursuivi le Cardinal, apparaît
la perspective éthico-existentielle.
"Le Pape invite -selon ses paroles- à pénétrer
avec une intuition créative dans le mystère
du Dieu incarné et, par là même, dans
le mystère de l'homme.
C'est là une véritable mission de responsabilité.
Chaque homme est appelé à 'être l'artisan
de sa propre vie ... en un certain sens, il doit en faire
une oeuvre d'art, un chef-d'oeuvre'".
Le Cardinal Poupard a enfin signalé que la Lettre
de Jean-Paul II parlait de l'Eglise qui "a besoin de
l'art", ce qui devait rendre perceptible le monde spirituel.
Le Saint-Père pose également une question
qu'il définit lui-même de "provocant":
"L'art a-t-il besoin de l'Eglise?".
Il y répond en écrivant que l'on ne peut ignorer
la vaste inspiration que l'artiste peut tirer de la religion.
OP/LETTRE PAPE ARTISTES/POUPARD VIS 990423 (390)
Lettre de Jean-Paul II aux artistes
CITE DU VATICAN, 23 AVR 1999 (VIS).
La Lettre de Jean-Paul II aux Artistes, en date du Dimanche
de Pâques 4 avril, a été publiée
ce matin en allemand, anglais, espagnol, français,
italien, polonais et portugais.
En 16 chapitres, le Pape s'adresse "à tous ceux
qui, avec un dévouement passionné, cherchent
de nouvelles 'épiphanies' de la beauté pour
en faire don au monde dans la création artistique".
Dans le 1er chapitre, "L'artiste, image de Dieu Créateur",
il dit son intention de poursuivre le dialogue fécond
qui dure depuis 2.000 ans entre l'Eglise et les artistes,
un dialogue, écrit-il, "qui s'enracine aussi
bien dans l'essence même de l'expérience religieuse
que dans celle de la création artistique... Dans
l'homme artisan se reflète son image de Créateur...
Celui qui crée donne l'être même... A
l'inverse, l'artisan utilise quelque chose qui existe déjà
et lui donne forme et signification".
L'action des artistes, poursuit le Pape, dans "La
vocation spéciale de l'artiste", constitue "un
reflet particulier de son être, de ce qu'il est et
du comment il est... L'histoire de l'art n'est donc pas
seulement une histoire des oeuvres...mais aussi une histoire
des hommes".
Le chapitre 3, intitulé "La vocation artistique
au service de la beauté" indique notamment que
"la beauté est dans un certain sens l'expression
visible du bien, de même que le bien est la condition
métaphysique du beau".
Puis le Pape rappelle que "l'artiste vit une relation
particulière avec la beauté", ressentant
aussi "le devoir de ne pas gaspiller ce talent, mais
de le développer pour le mettre au service du prochain
et de l'humanité entière". Ensuite, Jean-Paul
II évoque le devoir d'utilisation du talent, dans
le chapitre "L'artiste et le bien commun". Il
écrit qu'il "y a donc une éthique, et
même une 'spiritualité', du service artistique
qui, à sa manière, contribue à la vie
et à la renaissance d'un peuple".
Aux chapitres suivants, "L'art face au Mystère
du Verbe incarné" et "Entre l'Evangile
et l'art, une alliance féconde", le Saint-Père
observe combien l'Ecriture, et l'Incarnation en particulier,
ont "enflammé l'imagination de peintres, de
poètes, de musiciens, d'auteurs de théâtre
et de cinéma". Parlant de l'Incarnation, il
écrit encore: "En se faisant homme, en effet,
le Fils de Dieu a introduit dans l'histoire de l'humanité
toute 'la richesse évangélique de la vérité
et du bien' et, en elle, a révélé aussi
une 'nouvelle dimension de la beauté'".
Trois autres chapitres sont consacrés aux origines
de l'art d'inspiration chrétienne, au Moyen-Age,
à l'Humanisme et à la Renaissance. Faisant
allusion à ce qu'il définit le besoin des
croyants "d'exprimer...les mystères de la Foi",
le Pape décrit les diverses formes d'expression qui
vont de l'architecture à la poésie, de la
musique sacrée aux icônes, de la peinture à
la sculpture. Il souligne le fait que "même dans
le nouveau climat de ces derniers siècles, où
une partie de la société semble devenue indifférente
à la Foi, l'art religieux n'a jamais interrompu son
élan".
Au chapitre 10, intitulé "Vers un renouveau
du dialogue", Jean-Paul II dit son espoir d'une reprise
du dialogue entre l'Eglise et les artistes, surtout dans
la perspective de dégager "une forme d'humanisme
caractérisée par l'absence de Dieu et souvent
par une opposition à lui".
Au chapitre 11, "Dans l'esprit du Concile Vatican
II", il redit l'appel lancé aux artistes par
les Pères conciliaires: "Ce monde, dans lequel
nous vivons, a besoin de beauté pour ne pas sombrer
dans la désespérance. La beauté, comme
la vérité, c'est ce qui met la joie au coeur
des hommes". "L'Eglise a besoin de l'art",
affirme le Pape au chapitre suivant. Puis, avec "L'art
a-t-il besoin de l'Eglise?", il répond par l'affirmative
à qui l'interroge: "Comment ne pas voir alors
quelle grande source d'inspiration peut être pour
lui cette sorte de patrie de l'âme qu'est la religion?".
Les 3 derniers chapitres de la Lettre ont pour titres "Appel
aux artistes", "Esprit créateur et inspiration
artistique", et "La beauté qui sauve".
Tandis qu'il renouvelle son estime envers les artistes,
le Saint-Père écrit à leur intention:
"Je vous invite à redécouvrir la profondeur
de la dimension spirituelle et religieuse qui, en tout temps,
a caractérisé l'art dans ses plus nobles expressions".
"Puisse la beauté que vous transmettrez aux
générations de demain être telle 'qu'elle
suscite en elles l'émerveillement!' lance Jean-Paul
II en conclusion de sa lettre. "Devant le caractère
sacré de la vie et de l'être humain, devant
les merveilles de l'univers, l'unique attitude adéquate
est celle de l'émerveillement".
LIT/ARTISTES/... VIS 990423 (810)
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