Pour les Balkans, il y a encore tant
à faire
Les armes se sont tues. Mais la fin de la guerre nest
pas encore la paix. Ce quil faut maintenant accepter
de regarder, cest un pays exsangue, privé de
ses infrastructures économiques. Cest une catastrophe
écologique. Ce sont des familles disloquées,
des maisons pillées, des villages détruits,
des populations errantes. Ce sont les charniers que lon
narrête pas de découvrir.
Si, aux yeux de certains, cette guerre a atteint les objectifs
en vue desquels elle a été décidée,
elle na pas tari les haines. Aujourdhui, ce
sont tous les habitants du Kosovo, quil sagisse
de la minorité serbe ou de la majorité albanophone,
qui vivent dans la peur et sont guettés par la soif
de vengeance.
La mémoire des combats et le spectacle de la désolation
appellent au silence et au respect. Ils appellent aussi
à lhumble prise de parole, afin que des chemins
de paix puissent bientôt souvrir.
Il faut redire que cette guerre na pas été
une guerre de "religions". Là-bas, les
responsables des diverses confessions religieuses ont su
faire entendre leur voix. A lheure actuelle, ils nhésitent
pas à prendre courageusement position pour que les
choses changent.
Avec eux, nous savons que tous, Serbes ou Kosovars, ont
besoin de vérité, de justice et damitié.
Lavenir de ce pays nest pas dans les violences
toujours prêtes à surgir encore, mais dans
laction des plus modérés - à
quelque bord quils appartiennent - dans le respect
des personnes et de leurs droits fondamentaux. Lavenir
nest pas dans les idéologies conquérantes
ou dans la pureté ethnique dun pays, mais dans
laudace de ceux qui, en mettant le temps de leur côté,
oseront penser quun avenir commun est encore possible.
Chrétiens de France, que pouvons-nous faire ? Que
pouvons-nous dire ?
Nous demandons que les réfugiés serbes soient
accueillis de la même manière que les réfugiés
kosovars, sans aucune distinction.
Les communautés chrétiennes doivent continuer
à apporter leur concours à laccueil
de tous les réfugiés et nous les invitons
à instaurer des lieux de dialogue avec les Serbes
résidant en France. Cest parce que nous apporterons
laide matérielle et morale à tous ceux
qui souffrent que nous pourrons un jour appeler les ennemis
dhier à la réconciliation.
Paris, le 24 juin 1999
Mgr JÉRÉMIE,
Métropolite de France,
Président de lAssemblée des Évêques
Orthodoxes de France
M. le Pasteur Jean TARTIER,
Président de la Fédération Protestante
de France
Mgr Louis-Marie BILLÉ,
Archevêque de Lyon,
Président de la Conférence des Évêques
de France
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