Conclusions du colloque sur
"La recherche biomédicale
responsable : un défi pour l'Europe"
organisé par la COMECE à Bruxelles le jeudi
7 décembre 2000
Etant donné les rapides évolutions dans le
domaine de la biomédecine et certains travaux en
cours tant au sein de la Commission européenne qu'au
Parlement européen, la Commission des Episcopats
de la Communauté européenne (COMECE) a voulu
consacrer un colloque d'un jour sur :
" Une Recherche Biomédicale Responsable :
un Défi pour l'Europe ".
Puisque les sciences se développent rapidement et
surtout dans le domaine de la biomédecine, une réflexion
sereine sur les aspects scientifiques et les implications
éthiques est devenue une nécessité.
Dans un souci d'ouverture et dans une recherche interdisciplinaire,
la COMECE a voulu attirer l'attention sur des matières
délicates qui touchent à l'essence de la dignité
humaine.
Si le colloque est ouvert par S.E. le Cardinal Thomas WINNING,
archevêque de Glasgow (Ecosse), et si les conclusions
sont tirées par Mgr Donal MURRAY, évêque
de Limerick (Irlande), de nombreux professeurs d'université
de partout l'Europe analysent les différentes matières
retenues :
Professeur Dietrich von ENGELHARDT, Université de
Lübeck : Les objectifs de la recherche biomédicale
Professeur Niels TOMMERUP, Université de Copenhague
: La révolution génétique et biologique
Professeur Luis ARCHER, Président du Comité
national de Bioéthique du Portugal : Aspect éthique
de la recherche génétique
Professeur John M. McLEAN, Université de Manchester
: L'embryon humain in vitro entre les mains des chercheurs
Professeur Michel DUPUIS, Université catholique
de Louvain : Aspect éthique de la recherche sur
l'embryon humain
Professeur Jean-François MATTEI, Université
de Marseille : Recherche et Société
Deux présidents de séance ont conduit les
débats : le Professeur Alain POMPIDOU de Paris et
le Dr Peter LIESE, membre du Parlement européen.
En ouvrant le séminaire, le Cardinal Winning a déclaré
que l'Eglise considérait la foi et raison comme les
deux "ailes de la vérité":
" La vérité, c'est que, l'Eglise bien
loin de s'opposer au progrès, se réjouit des
progrès de l'humanité dans différents
domaines. Toutes les choses qui contribuent à rendre
la vie plus humaine, qui aident la personne à s'épanouir,
qui favorisent l'accomplissement de la dignité humaine,
sont précieuses aux yeux de l'Eglise. Nous sommes
conscients du fait que Dieu a volontairement créé
un monde perfectible et que, dans son amour infini pour
l'humanité , Il désire impliquer les êtres
humains dans son uvre de création. "
Le Cardinal a également abordé le débat
actuel concernant l'utilisation de la recherche sur les
cellules souches:
Conclusions du colloque sur " La recherche
biomédicale responsable :
un défi pour l'Europe "
" Ce qu'on oublie, c'est que pour obtenir ces cellules,
vous devez créer des embryons humains in vitro, à
partir desquels vous prélevez les cellules, et jeter
ensuite l'embryon. Cette méthode n'est pas seulement
inacceptable en raison du fait qu'elle réduit l'embryon
humain au statut de simple objet de l'expérimentation
mais aussi parce qu'elle est un obstacle sur la voie d'une
recherche plus avancée dans les possibilités
offertes par une cellule souche adulte, qui, sans poser
le problème éthique que je viens juste de
mentionner, pourrait s'avérer être aussi prometteuse
pour certaines maladies, mais qui nécessiterait peut-être
un investissement financier plus important. Ces dernières
semaines, l'Université Catholique de Rome a offert
une nouvelle solution : le développement d'une banque
de cellules souches composée de matériau génétique
prélevé sur le cordon ombilical. Cela est,
pour moi, un exemple très concret de la manière
dont la foi et la raison peuvent collaborer pour le bien
commun. "
Des conclusions de Mgr Murray, on retiendra surtout que
la discussion sur la dimension morale de la recherche biomédicale
dans une société pluraliste doive se fonder
sur le respect de la dignité humaine (version française
non disponible) :
" Moral reflection is rarely brought to bear on new
possibilities and developments in scientific research until
the process is very far advanced. These moral challenges
must appear to the researcher as an irritating afterthought,
coming much too late: "If you have all these problems,
why did you not raise them years ago?"
This reflects the degree to which, in the world of today,
disciplines have become separated. The biomedical researcher
has no way of keeping up with developments in bioethics
and vice versa. An even more fundamental reason for the
late arrival of the moral questions is that in the Europe
of the 21st century, there seems to be no common foundation,
philosophical or theological, on which a mutually agreed
moral assessment could be based. Not only is Europe multi-cultural
and multi-faith, one might also describe it as multi-ethical.
The plurality of religious worldviews and moral philosophies
at work in the European Union is both enrichment and challenge.
It is imperative that we find a basis for discussing the
values that should guide not only biomedical research but
also all the decisions that we face about future developments
in the Union and in the wider world. Moral questions need
to be seen as integral to biomedical research, not as issues
to be raised when the work has already been done.
It seems clear that the only possible basis for such a discussion
must be the dignity of the human person. Biomedical research
inescapably raises this question.
Knowledge is never to be feared. But, as Vatican II put
it, our age, more than any of the past, needs the wisdom
through which "humanity's discoveries are ennobled".
Wisdom locates our discoveries, our knowledge and our skills
in the context of the meaning of human life and of creation.
It is important to evaluate new knowledge in order to ensure
that its use will promote the true meaning and purpose of
human life and will foster human dignity.
The cultural and religious tradition of Europe gives deep
roots to the conviction that the human person is not an
'It' but a 'Thou'. For us, that is the ultimate foundation
for human dignity - being addressed by God. It does not
depend on abilities or achievements or potential contribution
to society.
Christians should not fear to act and speak as that criterion
indicates - and to hope that this high concept of human
dignity will find an echo in the hearts even of these who
do not share faith in Christ. Then we may hope to engage
in a dialogue of genuine pluralism where heart can speak
to heart. "
FIN
|
|