Comment ne pas être solidaire de la dernière
déclaration du président de la Conférence
des évêques de France " discerner les valeurs
fondatrices de la démocratie ".
Les résultats du scrutin du 21 avril révèlent
en effet, en Moselle comme dans le reste de la France, une
crise profonde de la société, qui génère
chez beaucoup un sentiment de peur et d'insécurité.
La peur l'emporte souvent dans les quartiers dits sensibles
où vivent des jeunes désuvrés et
blessés par de graves carences éducatives et
sociales : certains d'entre eux n'ont jamais vu leurs parents
travailler !
La peur l'emporte aussi dans le monde du travail conscient
de la fragilité d'entreprises que l'on délocalise
avec légèreté sans considération
des personnes, les récentes affaires Bata et Daewo
en sont des exemples parmi bien d'autres.
La peur l'emporte encore lorsque l'on diabolise l'étranger,
pourtant attiré par la tradition d'hospitalité
de notre pays - les Lorrains en savent quelque chose - et
que l'on est sollicité de se replier sur ses frontières
hexagonales.
Mais la peur est mauvaise conseillère. Elle ne sera
vaincue ni par la répression, ni par un néo-fascisme
qui cherche à dissimuler sa véritable nature,
mais par un sursaut démocratique. En démocratie,
les décisions ne se prennent pas dans la rue, ni sous
les feux des médias, mais au parlement grâce
au débat et au vote des élus de la Nation.
Le vote, faut-il le rappeler, est donc une obligation grave
à laquelle on ne saurait se soustraire.
Pierre Raffin
évêque de Metz
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