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Calvaire, église Notre-Dame de Mouthier-Vieillard, Poligny (39)

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méditation dans un mouvement que traduit parfaitement la circulation des regards des différents personnages de ce calvaire. Mouvement emporté dans l’élan de l’Esprit qui sort de la bouche ouverte du Christ et tombe sur l’Eglise naissante au pied de la croix.

Calvaire, église Notre-Dame-de-Mouthier-Vieillard, Poligny 3

Le Christ enfin, cloué sur la croix, nous enveloppe d’un regard serein et aimant. On peut penser que par cette expression, l’artiste a voulu traduire les dernières paroles de Jésus transmises par saint Luc : “Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font” (Lc 23, 34), tout en réaffirmant la puissance du seul commandement laissé par le Christ : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime.” (Jn 15, 12-13). Cet amour pour l’humanité se manifeste aussi dans la taille démesurée des bras du Christ. Si le rendu de l’anatomie est une des caractéristiques de l’art des “ymagiers” bourguignons, comment expliquer autrement la longueur “anormale” des bras de cette statue ? Ne peut-on pas y voir le symbole que, par sa mort, le Christ prend l’humanité entière dans ses bras pour la présenter au Père et ainsi la sauver de la mort par une Alliance nouvelle et éternelle, comme il est dit dans la prière eucharistique pour la réconciliation : “ (…) ses bras étendus dessinent entre ciel et terre le signe indélébile de ton Alliance (…) ”.

Nous ne savons pas précisément l’emplacement originel de ce calvaire. Mais on peut raisonnablement penser qu’il se situait en hauteur, dans une église, sur une poutre de gloire en travers du chœur, comme c’est le cas dans la Collégiale Saint-Hippolyte de Poligny ou à l’église Notre-Dame d’Orgelet.

Et c’est bien là tout le mystère pascal : la croix, ignominieux supplice romain, devenue, par la résurrection, symbole de la gloire de Dieu, symbole de l’homme sauvé.

Au II° siècle, saint Irénée de Lyon affirme que “la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme c’est la vision de Dieu”. La gloire de Dieu serait donc que le salut soit accueilli par tous les hommes, salut révélé par Jésus qui vient prendre notre condition humaine. Sur la croix, Jésus est à la fois pleinement homme et pleinement Dieu : “Dans cette existence toute décentrée d’elle-même, dans cette façon qu’a Jésus de n’être jamais préoccupé de sa vie, mais uniquement de faire vivre et revivre les autres, (…) d’être totalement dépossédé de lui-même, jusqu’à se laisser dépouiller de sa propre vie, afin que l’autre puisse advenir, il nous dit bien qui est l’homme, ce pour quoi nous sommes faits, comment devenir pleinement humains. Mais en même temps, dans les mêmes gestes et les mêmes paroles, là précisément où il est tout donné, livré, il nous dit qui est Dieu, ce que c’est qu’être Dieu, puisque

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