Lettre d'information

Kim En Joong à Perguet

d’une approche humble, à l’écoute du lieu.

Pour la partie plus ornée – le sanctuaire et le chevet – la joie de la foi éclate en couleurs brillantes. La fulgurance et la simplicité du trait dit l’art de la calligraphie enseignée aux origines et jamais oubliée. Dans la maîtresse-vitre les trois couleurs primaires pénètrent à l’intérieur du mystère divin dans son unité et sa trinité. Pour les autres le violet de la contemplation et le rouge du martyr évoquent les saints priés en ce lieu ; les bruns, bistres, camaïeux de bleus et verts enlacés enracinent l’oeuvre dans ce bout de Bretagne où elle vit à présent.

La petitesse des ouvertures dans la nef romane a rendu la réalisation de la deuxième tranche plus difficile encore. Les vitraux devaient laisser passer le maximum de lumière et être, dans leur différence, en continuité avec les vitraux déjà en place. Ils sont une hymne aux six jours de la création : trois jours de séparation au nord et trois jours de création en correspondance au midi. Dieu aura tout loisir de se reposer au septième jour dans la vitre axiale du choeur.

L’écriture picturale de Kim En Joong est un hommage au Dieu créateur par son geste de séparation précis et sans repentir qu’on trouve dans le trait impétueux et franc qui donne structure et force au verre translucide La couleur peut ainsi librement habiller le trait au rythme de la semaine originelle. Des peintures du même artiste ornent les murs aveugles : saint Laurent, sainte Brigitte et une méditation sur la croix, sans limite dans l’amour. Un don à permis de parachever l’ensemble par l’acquisition de cinq chasubles que le Père Kim En Joong avait créées à la même époque.

Les apports successifs du roman, du gothique et du baroque se sont mariés harmonieusement en cette petite église tout comme la sobriété romane et la décoration plus prolifique de l’époque classique. L’oeuvre de Kim En Joong, par la mise en couleurs de toutes les baies, les peintures et la paramentique, ne fait qu’ajouter à l’harmonie de l’ensemble. Du bas de l’église en montant vers le chevet la relative simplicité de l’origine fait place à la joie du ciel nouveau et de la terre nouvelle où le Dieu Trinité enfante la foi, l’espérance et l’amour. Et quand, à la saison d’été, la messe se célèbre dans un décor flamboyant de glaïeuls et de dahlias par un prêtre paré d’une de ces chasubles peintes par Kim En Joong la sobriété et la profusion par une habile progression font bon ménage assurément.

Père Gusti Hervé

Article extrait de la revue Chroniques d’art sacré, n°80, hiver 2004, p 26-27

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