Lettre d'information

La communion sous les deux espèces

la boisson de fête. C’est souligner que le repas n’est pas fait seulement pour s’alimenter, mais qu’il est aussi un partage de l’amitié et de la joie. Le vin, c’est la joie d’être ensemble, c’est le repas de noces, c’est l’exultation et l’ivresse, comme celle de l’Esprit au jour de la Pentecôte (Ac 2, 12-15). Ainsi communier à la coupe du Sang du Christ ne nous établit pas avec Lui dans la même tonalité de relation spirituelle. Plusieurs chrétiens, accédant pour la première fois à la coupe de vin consacré, ont été bouleversés de découvrir en eux la présence du Christ sous cette forme nouvelle qui n’était pas seulement nourriture pour construire leur corps, mais cette chaleur qui irradiait tout leur être, cette allégresse qui les pénétrait tout entiers et les habitait de part en part.

Signification biblique du sang

Il faut encore aujouter que le sang a, dans la mentalité sémitique qui est celle du Christ dans son incarnation et qui est donc ce qu’Il a voulu exprimer pour nous dans ce sacrement, une signifcation très précise. Pour nous, Occidentaux du XXIème siècle, le sang n’est qu’un élément constitutif du corps parmi d’autres, au même titre que les organes digestifs ou locomoteurs ou le système nerveux. Il n’en va pas ainsi des sémites (que ce soit les juifs ou les autres peuples du Proche-Orient). Pour eux, le sang c’est l’âme (nephesh), c’est à dire le principe de la vie. Nous sommes les héritiers de la conception gréco-romaine pour qui l’âme est essentiellement l’organe de la pensée. Elle s’oppose au corps comme le spirituel au matériel, et c’est pourquoi, tout en sachant que l’âme n’est nulle part, nous la situons spontanément dans le cerveau. Les sémites ne voient pas les choses ainsi. Pour eux, l’âme (nephesh) est intimement liée au corps, c’est elle qui l’anime dans toutes ses activités, qui lui donne de respirer, de digérer, de se mouvoir, de se reproduire, de sentir, de parler, et, bien entendu, de penser et de vouloir. Elle est le principe de la vie du corps sous tous ses aspects, et c’est pourquoi, à leurs yeux, elle correspond symboliquement au sang, précisémernt parce que le sang irrigue le corps tout entier, le pénètre et le traverse de toutes parts. C’est ce que dit expressément la Genèse quand, après le déluge, Dieu donne à l’homme comme nourriture tout ce qui possède la vie, animaux aussi bien que végétaux, précisant seulement : "Vous ne mangerez pas la chair avec sa vie (son âme), c’est à dire le sang" (Gn 9,4). C’est l’origine de la coutume, commune à toutes ces civilisations, de manger kasher, c’est à dire de ne consommer la viande qu’après l’avoir vidée de son sang, parce qu’il est sacré en tant que principe de vie.(9) Le Christ, qui appartient lui-même à cette civilisation, quand Il a voulu donner aux disciples sa présence vivante sous forme de nourriture, leur a donné son Corps et son Sang, c’est-à-dire son Corps et son Âme, sa

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