Lettre d'information

Le Corps « absent »

l’au-delà ( croyances, représentations, langage). Les vivants se replient sur leur douleur, comme on entend dire : « il y a plus rien à faire, tout est terminé. » L’approche eschatologique a besoin d’être signifiée par l’accompagnement du défunt, dans sa marche qui le conduit vers son accomplissement. Le rituel de l’Église, dans son parcours, en ses différentes étapes depuis le dernier soupir jusqu’à l’acte ultime de séparation, dans sa prière à ces différents moments, accompagne cette marche pascale du défunt comme celle de l’Église de la terre. « Les différents moments constituent autant d’étape dans la célébration, qui doivent aider des participants à approfondir le sens chrétien de la vie et de la mort et à accueillir l’espérance de la résurrection. »

L’oubli du corps du défunt peut-être lu comme le signe d’un « déficit eschatologique ». Celui-ci a des répercussions dans une approche catholique sur la prière pour les défunts. Inversement, le fait d’annoncer la résurrection en présence du corps, de la dépouille du défunt, donne à cette proclamation de foi toute sa force. Les Points de repère pour la pastorale des funérailles invitent à favoriser un cheminement de foi : 4 pages sont consacrées à « découvrir la foi en la résurrection de la chair », à « découvrir l’appel à la vie éternelle ».

Ne pas nier la mort

Il est un autre aspect qui retient aussi notre attention : « l’effacement »du corps comme à l’inverse la trop grande « présence » du corps participe de la même attitude : le déni de la mort, observé depuis plusieurs décennies. Ici, le mort est comme n’existant plus ; sa disparition rapide paraît un moyen pour être moins affecté ou permettre un rapide rétablissement. Une telle attitude constitue un déni violent dont on connaît les conséquences négatives. L’acte de séparation demande au contraire l’attention au corps du défunt tout au long du parcours depuis la toilette funèbre jusqu’à l’inhumation en passant par la présence au corps, le geste d’aspersion du corps accompli par les personnes effectuant une visite, le regard sur le défunt, les gestes d’hommage et de vénération, la fermeture du cercueil, les gestes liturgiques accomplis au moment de la célébration… Ce rapport au corps donne à appréhender et à expérimenter le nouveau rapport à la personne, à son absence et à sa présence autre. « Le corps présent » participe au travail de deuil, à une séparation consentie.

Christian Teysseyre

Article extrait de la revue Célébrer n° 298

Travail de deuil, rituels et espérance chrétienne

La bénédiction du corps, le dernier adieu

[Questions courantes sur les

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