Lettre d'information

Le Corps « absent »

ces changements se comprennent du fait des nouvelles approches de la mort, des pratiques funéraires actuelles, on pourrait aussi penser que des changements proviennent aussi de la réforme liturgique opérée suite au concile Vatican II. De manière équilibrée pourtant, on y voit affirmée une double attention à l’égard des vivants et du défunt. Si, dans les notes doctrinales et pastorales du Rituel, on souligne à maintes reprises l’attention aux personnes endeuillées :

- partager la souffrance des proches (n° 9), sympathie pleine de sollicitude (n° 10) ;
- aider progressivement à affronter l’épreuve du deuil dans la foi (n° 9) ;
- aider à comprendre ce que fait d’Église (n° 10) ;
- apporter la consolation de la foi et le réconfort dont l’Église veut entourer ceux qui sont dans l’épreuve (n° 8)…

La double direction de la liturgie des funérailles est nettement à affirmer : « la liturgie des funérailles, et tout ce qui l’entoure, a pour but de recommander à Dieu le défunt mais encore (et ce n’est pas le moins important) d’encourager l’espérance des assistants et de développer leur foi au mystère pascal et à la résurrection des morts. » (n° 8) On le voit la recommandation du défunt constitue le premier motif. À vrai dire nous sommes renvoyés au sens chrétien de la mort et des funérailles, comme le rituel d’ailleurs le présente au n° 1 : « c’est le mystère pascal du Christ que l’Église célèbre, avec foi, dans les funérailles de ses enfants (…) On prie pour qu’ils passent avec le Christ de la mort à la vie, qu’ils soient purifiés dans leur âme et rejoignent au ciel tous les saints dans l’attente de la résurrection des morts et de la bienheureuse espérance de l’avènement du Christ. » On retiendra, nous l’avons expressément souligné, ce qui concerne le défunt : ce qu’il a encore à accomplir à ce moment quand il va vers sa Pâque. Certes le temps ne compte plus pour lui et pourtant, mystérieusement, quelque chose est à accomplir. Les verbes « passer » et « rejoindre » expriment un mouvement, une dynamique, un devenir qui est un présent qui ne s’accomplit pas hors de la communion des vivants. Il y a là une lumière de la foi sur nos existences, que déjà diverses expressions religieuses passées en diverses civilisations pressentaient.

Accompagner le défunt…

D’ailleurs c’est bien dans cette perspective qu’en diverses cultures ce qui constituait les funérailles, était la marche qui accompagnait le défunt vers son devenir : marcher pour accompagner jusqu’à cette heure où les routes séparent définitivement les vivants et les morts. Une approche semblable donne sens au processus rituel des funérailles chrétiennes : accompagner le passage dans la vie du Christ. Ce devenir du défunt peut-être aujourd’hui moins présent à nos esprits, par forme d’indifférence à cet aspect, du fait des modifications d’approches de

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