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Le chemin de croix dans l’histoire

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elle-même. C’est la chance, pourrait-on dire, de la dévotion de ne pas être codifiée par le magistère de façon aussi stricte que la liturgie de l’Église. Dès lors, on ne s’étonne pas que de telles cérémonies recueillent l’assentiment de beaucoup : chacun tient sa place, prêtre, chantre, peuple, et ainsi, tous sont rassemblés dans une diversité de fonctions, pour une même prière.

Renouvellement contemporain

Le mouvement liturgique a émis bon nombre de réserves vis-à-vis des dévotions, en particulier quand elles ont pris la place de la liturgie, tel le chemin de croix qui attirait les foules l’après-midi du vendredi saint, quand la célébration de la Passion, célébrée tôt le matin ne rassemblait que quelques femmes et des enfants.

Le chemin de croix se terminait sur le sépulcre, et d’aucuns lui reprochaient de ne pas suffisamment orienter les regards vers le salut accompli par la mort du Christ en croix.

Certains ont préféré renoncer au chemin de croix. D’autres ont cherché à lui donner un enracinement évangélique plus net : nombreux sont les poètes et les théologiens qui s’y sont essayés tout au long de notre siècle, de Paul Claudel (1919) au Patriarche Bartholomeos 1er (1994) en passant par Romano Guardini (1937), Patrice de La Tour du Pin (1946), Leonardo Boff (1984) ou André Frossard (1991).

Quant aux tableaux qui, depuis le milieu du XIXe siècle, ornent les murs de nos églises, ils ont, eux aussi, évolué avec la sensibilité des croyants. De peintures ou de sculptures très narratives, proches des textes ou des chants du chemin de croix, on est passé à des représentations plus conformes à la mentalité contemporaine, plus suggestives que descriptives, comme celle de Pierre Buraglio.

La mise en œuvre du chemin de croix s’est diversifiée. Depuis de nombreuses années, celui de Montmartre ou celui de Saint-Pierre-de-Chaillot se déroulent dehors, en procession derrière une grande croix.

D’autres ont conservé la marche d’une station à l’autre tout en remaniant les textes et diversifiant l’expression orale, chorale, scénique.

Rassemblement « orchestré » ou cheminement dépouillé, le chemin de croix peut offrir l’occasion aux croyants comme à ceux qui se sentent parfois en marge de l’Église de se retrouver dans cette méditation où la souffrance d’un homme ouvre une espérance à l’humanité.

Sœur Fabienne Hyon, osb

Article extrait de la revue Chroniques d’art sacré, n°50, automne 1999.

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