d’une iconographie christique. La porte centrale était systématiquement surmontée d’un Christ en Croix, voire d’un clavaire complet. La tribune portait des scènes de la passion, telles celles, si belles, qui ornaient le jubé de la cathédrale de Bourges et qui ont pu être retrouvée et exposées. Ainsi, le jubé préparait le fidèle à s’unir de cœur au célébrant qui demeurait caché, mais qui actualisait un Sacrifice qu’il contemplait dans toute sa force dramatique.
Cathédrale Notre-Dame de Rodez. Photographie : Patrice Yakan
Ainsi, le jubé a pu fonctionner, pendant près de quatre siècles, non seulement comme une séparation, mais aussi comme un élément de complémentarité, de communion, entre clercs et laïcs, au sein d’un édifice unifié mais compartimenté. Le triomphe de l’église à chœur ouvert après le concile de Trente sanctionna la disparition des jubés dans la plupart des églises, mais le clergé des cathédrale demeura si attaché à cette expression de sa dignité particulière qu’après avoir abattu le jubé médiéval, il tenta d’en créer de nouveaux, en style classique, souvent « en deux corps » séparés par une grille centrale. Tous ceux des cathédrales succombèrent à la révolution et au XIXe siècle, sauf quelques exceptions, comme à Albi. Les rares jubés conservés l’ont plutôt été dans des églises paroissiales. Le triomphe du néogothique s’accompagnait de celui du concept post tridentin d’ouverture totale des chœurs.
Mathieu Lours,
Agrégé de l’Université et docteur en Histoire. Auteur d’ouvrages et d’études consacrés à l’architecture religieuse, il enseigne actuellement l’Histoire moderne et l’Histoire des religions à l’Université de Cergy-Pontoise.
Pour en savoir plus sur...
La cathédrale Sainte Cécile d’Albi : cliquez ici
La cathédrale Notre-Dame de Rodez : cliquez ici
La cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges : cliquez ici
