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Les jubés dans l’histoire

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et se composait de deux ambons distincts et d’une grille centrale. En outre, on opérait depuis le jubé un certain nombre de bénédictions solennelles, de prédications, plus rarement des chants d’hymnes particulières, de Leçons, ou encore la proclamation de la date de Pâques, suivant une infinie variété selon les lieux, chaque église constituant un véritable univers liturgique.

Saint-Bertrand-de-Comminges, le chapitre vu depuis l’autel avec son jubé. © M. Escourbiac

De là naît la forme du jubé : une tribune souvent saillante soutenue par un mur auquel s’adossent les stalles en retour, dites « stalles de dignité », car y siègent les dignitaires du chapitre, comme le doyen ou le chantre, ou encore les personnages officiels comme le roi ou son représentant. De ce fait, le jubé est aussi une façade pour le chœur. Comme toute façade, elle est à la fois un terme visuel et un passage. Le jubé est en effet un lieu de passage sélectif et éloquent : seuls les chanoines prêtres ont le droit de franchir sa porte centrale, à titre exclusivement collectif et uniquement pour les cérémonies. Il s’agit d’une porte sacerdotale rappelant l’accès aux lieux les plus sacrés du temple de Jérusalem. A la cathédrale d’Orléans, tout chanoine diacre devait tenir le surplis d’un chanoine prêtre pour accéder ainsi au chœur. Tout autre desservant, comme un simple chapelain, ou encore un chanoine retardataire, devait accéder au chœur par les portes latérales. Cette porte centrale n’avait aucunement pour rôle d’être un passage visuel permettant aux fidèles de voir le maître-autel depuis la nef. Elle était refermée immédiatement après l’entrée du clergé, ou alors des rideaux étaient tirés. Si le maître-autel devait être rendu visible, c’était depuis la claire-voie du rond-point, ce qui permettait de réserver cette contemplation aux seules « pieuses personnes » que le chapitre filtrait à l’entrée du déambulatoire.

Cathédrale Saint Cécile d’Albi, détail du crucifix. © M. Escourbiac

Cependant, puisqu’il constituait un terme à l’église des fidèles, la nef, le jubé était aussi un formidable support dévotionnel et iconographique. Des autels s’y adossaient en effet, généralement deux, de part et d’autre de la porte centrale. Parfaitement visibles par les fidèles, ils étaient souvent le siège de la principale dévotion populaire au sein des cathédrales : la dévotion mariale. C’est à gauche du jubé de Notre-Dame de Paris, à droite de celui de Notre-Dame de Chartres qu’on trouvait les statues de la Vierge les plus vénérées. L’autre autel était souvent dédié à un saint martyr ou confesseur très vénéré dans le diocèse. On trouvait parfois, mais cela est plus rare, l’autel paroissial adossé au jubé, comme à la cathédrale de Sées. Quant à l’iconographie du jubé, il s’agissait avant tout

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