Lettre d'information

Ritualiser le deuil d’un bébé mort-né

d’adieu selon la volonté et la religion des parents.

Toutes ces pratiques ont donné lieu à quelques accusations de sadisme et de morbidité. Une enquête auprès des mères endeuillées, un an après, a montré les effets bénéfiques de cette prise en charge. « Beaucoup de parents imaginent qu’un enfant mal formé est monstrueux. Le voir les réconcilie avec lui, les apaise, explique M. Dumoulin. On s’est aperçu aussi de l’importance du rituel : il permet l’expression des émotions. »

La plupart des mères donnent des nouvelles, beaucoup reviennent même pour accoucher d’un autre enfant. « Sans l’aide que j’ai reçue, je n’aurais jamais voulu avoir d’autre enfant, assure Angèle. Même si j’ai vécu une grossesse très angoissante, Florian nous a redonné goût à la vie. Je n’oublie pas mes filles, mais j’ai accepté ce qui s’est passé, je suis en paix avec moi-même. » Angèle voudrait créer une association pour aider d’autres mères « à ne pas rester sur un échec ». Sur ces genoux, un bébé épanoui babille et distribue des sourires sans compter : « La vie m’a bien rendu ce qu’elle m’a pris. »

"Tous ces couples, si heureux d’attendre un enfant, d’accueillir une vie nouvelle, fruit de leur amour, sont frappés de plein fouet par une annonce au cours du diagnostic prénatal. Leur vie est bouleversée au sens le plus fort. Avec cette mort annoncée tout est remis en cause. En quelques jours ils vont vivre un accouchement, une naissance, celle de leur enfant (vivant ou déjà mort)…

Difficile moment que celui de la séparation au moment de la mise en bière, puis des funérailles. Vide, absence, au retour à la maison où il faut ranger tous les objets, vêtements ou meubles préparés pour l’accueil du bébé... Cette vie si courte prend alors tout son poids. Elle s’inscrit dans l’histoire de ce couple, de cette famille. Quel sens donner à tout cela ?

C’est en accompagnant ces êtres déchirés, blessés, mis à nu... C’est en les aidant ‑ en équipe, avec les soignants, le personnel ‑ à vivre en êtres responsables (et non en victimes) ces moments si durs et si intenses, que notre présence d’Église prend tout son sens. Notre souhait est que la compassion, la miséricorde et l’amour ne se manifestent pas seulement dans ce lieu clos qu’est l’hôpital, mais que partout, dans nos églises et nos paroisses, nous soyons attentifs à ceux qui sont dans la peine."

Madeleine Loison, aumônerie du CHRU de Lille

Selon un article de Laurence Berthier, extrait de la revue Célébrer n° 314

Travail de deuil, rituels et espérance chrétienne

La bénédiction du corps, le dernier adieu

Questions courantes sur les funérailles

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