Lettre d'information

Rôle du chant dans la liturgie

Interview de Christian Villeneuve

Le musicien et compositeur Christian Villeneuve, décédé prématurément en 2001 avait été interviewé quelques mois auparavant par Daniel Trépier.

rubriques mais de cet enchaînement, du fait que ça coule et qu’une trajectoire est tracée. Beaucoup de nos liturgies manquent de trajectoires, et celles-ci sont de l’ordre de la musicalité. La composition musicale peut permettre cela et le prévoit à l’avance : quand j’ai écrit les Vêpres de saint Martin, j’y ai pensé au moment de l’écriture. Mais on peut aussi le concevoir dans l’instant, parce que c’est la particularité des musiciens de le sentir dans l’instant. Quand je parle de musiciens, je pense aussi bien à l’orgue qu’aux autres instruments. Je milite pour faire entrer d’autres instruments que l’orgue dans les célébrations. Cela va peut-être faire hurler mais, moi, un guitariste dans la liturgie, je trouve ça formidable et très utile ! De même, un piano : c’est moins envahissant que l’orgue. En fait, je suis partisan de liturgies où la musique est polyvalente. Il faudrait habituer les guitaristes à tenir ce rôle pour lequel ils n’ont pas été entraînés. Je préfère la guitare à la cithare qu’utilisent certaines communautés religieuses et que je trouve un peu molle, un peu priante à la place du priant. Il me semble qu’une certaine nervosité est intéressante, quelque chose de plus vivant. Or, quand on dit guitare aujourd’hui, on passe pour un partisan de la chansonnette !

Si un choeur doit participer à une célébration, quel est son rôle liturgiques ?

C’est surtout un rôle moteur dans la circulation de la parole et de la musique. Il doit aider à faire circuler entre l’organiste, le prêtre célébrant, les animateurs et l’assemblée. Je pense que le choeur devrait être le véritable meneur de l’assemblée, celui qui joue les alternances, plutôt que l’animateur. Finalement, le choeur a un rôle de chantre...à plusieurs voix. D’ailleurs, il me semble qu’il ne faudrait plus parler d’animateur pour mieux retrouver le rôle de chantre. C’est à dire que les animateurs soient de vrais chantres, avec un sens et une bonne connaissance du chant. S’il faut vraiment quelqu’un devant un micro, autant que ce soit un chanteur, un chantre : celui qui parle par délégation. En Angleterre, il y a des chantres et cela n’a pas du tout la connotation un peu vieillotte de chez nous, où on les a évacués un peu vite ! C’est peut-être un perte regrettable. Le chantre est un vrai chanteur, qui doit avoir une bonne tenue. Et, à ce moment-là, il n’a pas besoin de "battre la crème" : son chant suffit. En Angleterre comme dans la musique traditionnelle, certains jouent ce rôle et cela se passe très bien : quelqu’un lance le chant et tout le monde répond.

Est-il convenable que le choeur puisse être, à certains moments, le porte-parole ou l’interprète de l’assemblée dont il est membre, jusqu’à exécuter seul une pièce chantée ?

Oui le choeur peut agir par délégation, sauf pour les acclamations ! Le choeur ne peut priver l’assemblée des acclamations et des dialogues. Par contre, si l’on veut

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