Lettre d'information

Rôle du chant dans la liturgie

Interview de Christian Villeneuve

Le musicien et compositeur Christian Villeneuve, décédé prématurément en 2001 avait été interviewé quelques mois auparavant par Daniel Trépier.

importante. Evidemment, la participation chantée est très importante parce que l’acte de chant change la personne ; Est-ce que c’est la Parole qui nous change ou simplement l’acte de chant ? L’expérience se vérifie tous les jours. Quand on chante en choeur, on a un certain bonheur. On déploie une énergie. Il faut donc garder cette participation. Mais quand, à la messe du dimanche, on a jusqu’à quinze participations de l’assemblée, cela fait trop. Peut-être après tout, en avons nous besoin, parfois. Mais lorsqu’on se croit obligé de passer vraiment toutes les rubriques, alors cela me semble excessif.

Il y a quelque chose que l’on voit beaucoup moins aujourd’hui, c’est la participation par délégation qui se faisait beaucoup autrefois par l’intermédiaire du choral. Les fidèles chantaient toujours leurs chorals dans les liturgies protestantes ou hugunotes sauf, au début, où elles étaient silencieuses et se pratiquaient à domicile par peur des poursuites. Au XVIIème et XVIIIème, les instrumentistes faisaient des variations sur les chorals. L’assemblée, alors, ne participait pas en tant que telle, puisque c’était l’organiste qui jouait ou d’autres instrumentistes. Mais par l’acte de reconnaissance du choral, il y avait une identification au groupe qui jouait. Et cette identification est aussi une participation ! C’est une participation active parce que les gens connaissent. Or, aujourd’hui, les organistes sont nostalgiques de cet état de choses. Pendant l’Avent, ils vont jouer, par exemple, "Viens, Sauveur des païens". Mais, cela fonctionne beaucoup moins car les gens ne connaissent pas le choral, ne connaissent pas la mélodie, ni même vraiment le temps liturgique pour lequel il a été écrit. Ainsi, même si nous disposons d’un outil culturel prestigieux : ça ne marche pas forcément. Il y a donc, aujourd’hui, nécessité que les organistes retrouvent cette inspiration soit en improvisant à partir des motifs, soit aussi, autrement, en essayant de trouver des situations intermédiaires. Ce que je dis de l’instrumentiste vaut, évidemment aussi pour le choeur qui peut chanter, au cours des célébrations, par délégation.

Faut-il recourir, dans le cadre des liturgies, à des musiciens interprètes (chanteurs) ayant une formation musicale ?

Oui, évidemment. Je milite un peu pour cela, mais il faut aussi militer pour que les gens accèdent à une formation, susciter quelque chose de l’intérieur. Ainsi, s’il y a besoin de professionnels, ce sera bien vécu car cela viendra d’une demande. je pense qu’un quatuor vocal, par exemple, quand il est l’émanation du groupe, est vraiment une richesse. Cela permet de mieux fonctionner au niveau du tempo, de l’enchaînement des choses. Souvent, ce n’est pas tellement le chant ou le texte qui ne va pas bien dans la liturgie, mais la façon dont cela circule, la façon dont ça s’enchaîne. Quand je parle de bon fonctionnement de la liturgie, je ne parle pas seulement des

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