Lettre d'information

Un ambon : pourquoi ?

vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit » (Luc 4, 18-21).

Cette phrase résume au mieux l’objectif d’une homélie : annoncer, et montrer, que la Parole de Dieu s’adresse à nous aujourd’hui. C’est ce qu’énonce, à sa manière, l’antienne des vêpres du jour de Noël :

« Aujourd’hui, le Christ est né ; aujourd’hui, le Sauveur est apparu ; aujourd’hui sur la terre exultent les anges et les archanges, aujourd’hui chantent les justes, pleins de joie : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, alléluia ».

Cette actualité de la Parole porte le nom, un peu savant, de caractère anamnétique de l’Ecriture. Nous faisons mémoire, aujourd’hui, de la parole énoncée jadis par Jésus. Nous la recevons pour nous, car elle s’adresse, au-delà de ses auditeurs premiers de Palestine, à tout homme et toute femme de bonne volonté de par le monde. Dans l’Eucharistie, la liturgie de la Parole a pour but de nous faire entendre le projet du Père et son amour, l’incarnation du Fils en notre monde et sa puissance de Résurrection, l’animation de toutes choses par l’Esprit de Dieu.

Cet aspect de la liturgie de la Parole se comprend facilement le jour où l’on proclame les Béatitudes. L’objectif de l’opération n’est pas de nous apprendre le texte, connu depuis longtemps, mais de nous faire entendre Dieu nous dire :

« Heureux vous, les pauvres… Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous… » (Luc 6, 20, 26)

Les paroles de Jésus adressées à un de ses contemporains sont aisées à comprendre en ce sens, pour nous aujourd’hui : « Tes péchés sont pardonnés », « Lève-toi et marche », « Faites attention à ce que vous entendez », « Donnez-leur vous-mêmes à manger », etc.

L’unique Table

Un autre texte conciliaire nous fait pénétrer plus avant encore dans cette compréhension :

« L’Eglise a toujours vénéré les divines Ecritures comme elle le fait pour le Corps même du Seigneur, puisqu’elle ne cesse, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie de la table qui est celle de la Parole de Dieu aussi bien que du Corps du Christ et de le présenter aux fidèles. »

On parle le plus souvent, en français, des « deux tables ». Mais le concile traite de la table de la Parole comme du pain eucharistique. Non pour dire que l’autel suffirait. Mais pour signifier que c’est le même mystère qui s’y réalise, car Dieu nourrit son Peuple de sa Parole comme du pain de vie. Jésus n’a-t-il pas dit :

« Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4) ?

On se trouve ici en présence, bien évidemment, d’une compréhension de l’Eucharistie plus englobante que celle du deuxième millénaire occidental. Nos parents, en effet, ont vécu

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