Lettre d'information

Un ambon : pourquoi ?

du « sacrifice de la messe ». La Parole, ils ne l’entendaient guère ; l’expression « avant-messe » est très révélatrice !

Nous sommes aujourd’hui conviés à un repas plus savoureux. Le Christ nous invite à sa table et, comme tout hôte heureux d’être entouré de ses convives, il nous adresse la parole. C’est d’elle que peut jaillir ensuite l’action de grâce. Car comment élever son coeur et rendre grâce au Seigneur notre Dieu s’il ne nous a pas confié, préalablement, les raisons de le faire ? Le récit d’Emmaüs nous le fait entendre à sa manière : les deux pèlerins quittaient Jérusalem tout tristes, ils n’avaient pas le coeur à rendre grâce. Mais Jésus s’est approché d’eux et, après avoir entendu leur désespérance, « il leur expliqua, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait » (Luc 24, 27). Et une fois qu’ils l’eurent reconnu à la fraction du pain, ils s’avouèrent l’un à l’autre :

« Notre coeur n’était-il pas brûlant en nous tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Ecritures ? » (Luc 24, 32).

Les lectures de la messe n’ont donc pas en premier lieu une fonction d’enseignement, mais de révélation. Les acclamations sont très utiles pour nous le faire comprendre. Après les premières lectures, le lecteur peut ajouter : « Parole du Seigneur ». Et après l’Evangile, le diacre (le prêtre ou l’évêque) dit : « Acclamons la Parole de Dieu », et nous sommes conviés à répondre : « Louange à Toi, Seigneur Jésus ». Ce « Toi » est particulièrement intéressant pour notre propos. Il véhicule l’acte de foi de l’assemblée dans la nature de ce qui vient de se faire, mieux encore, en Celui qui nous a adressé la parole.

Les Protestants, pour leur part, ont l’habitude d’invoquer l’Esprit avant les lectures, « pour qu’elles deviennent [pour nous] Parole de vie ». Ils prient ainsi, par exemple :

« Père, toi qui, par ton Esprit, Assemble les croyants en tous lieux de ce monde, Inspire celles et ceux qui parlent et rends attentifs celles et ceux qui écoutent, Afin que l’Evangile soit la vérité de notre foi, La source de notre amour, La fermeté de notre espérance. Amen » (1).

Cette intelligence globale de l’Eucharistie fait comprendre le rôle de la liturgie de la Parole, et donc l’importance de l’ambon. Il est souhaitable, on l’aura compris, qu’il ait sa consistance propre, et en même temps une relation vive à l’autel. Car, dans l’Eucharistie, le Verbe se fait chair.

Père Paul De Clerck

Article extrait des Chroniques d’art sacré, n°85, printemps 2006, p 6-8

1. Liturgie de l’Eglise réformée de France, adoptée par le Synode national de Mazamet, 1996, Culte dominical 2, Paris, Les Bergers et les Mages, 1996.

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