SOMMAIRE
Yves-Marie Blanchard
"En esprit et en vérité" Jn 4, 23-24 : le fondement scripturaire d’une expression discutée
Marie Balas
Des exercices spirituels dans une Eucharistie. Une ethnographie de la "messe qui prend son temps" à l’église Saint-Ignace de Paris
Jean Kockerols
La liturgie à Taizé
Régine du Charlat
Une gestuelle personnelle de la foi
Paul Debout
L’expérience spirituelle de la messe en latin. Mens concordet voci
Paul de Clerck
Présence sacramentelle ou actes du Ressucité ?
Bulletin d’art sacré les livres Abstracts
LIMINAIRE
Dans son entretien avec la Samaritaine, Jésus a souhaité que les vrais adorateurs l’adorent en esprit et en vérité. Cet idéal est-il parfois atteint ? Oui, dans la mesure où l’Esprit anime les participants ; n’est-ce pas la demande formulée par la seconde épiclèse eucharistique ? Mais le souffle de l’Esprit inspire des réalisations très diverses.
Cette livraison commence par un fort article sur le souhait de Jésus mentionné ci-dessus. Replacée dans son contexte, l’expression prend un sens missionnaire, renvoyant à la vocation universelle de l’Église ; elle incite les porteurs des réalités chrétiennes à vérifier leur qualité d’ouverture. Il y va de la capacité du culte à faire signe « en esprit et en vérité ». Cet article est suivi par cinq autres, bien différents, qui servent à la fois d’exemples du culte chrétien et de test de leur fidélité évangélique. Le premier se livre à une analyse ethnographique de « la messe qui prend son temps », expérience lancée il y a une dizaine d’années par les Jésuites de Paris et imitée depuis lors ici ou là. La gageure consiste à proposer, dans le cadre d’une célébration eucharistique, une introduction développée à la Parole et une initiation à la prière ignatienne, le tout dans un climat convivial particulièrement adapté à des jeunes. Suit une description précise et fine de la liturgie à Taizé. Parmi ses spécificités, l’auteur relève la présence des Frères, bien entendu, mais aussi le choix de chants méditatifs joints au silence, ainsi qu’un « effacement de la présidence », expression qui stimulera la réflexion des théologiens des sacrements. Vient ensuite un article qui déploie la spiritualité propre de la messe en latin. L’auteur rappelle que la plupart des textes liturgiques actuels ont été écrits dans cette langue, et que son usage peut favoriser le respect d’une « juste distance » dans l’expérience du mystère. Cet ensemble se poursuit par une réflexion sur la gestuelle personnelle de la foi, autrement dit sur ces actes par lesquels la Parole de Dieu prend corps. L’auteure plaide ainsi pour une esthétique spirituelle tout en s’interrogeant constamment sur la véracité des expressions sensibles de la foi. N’est-ce pas une voie, se demande-t-elle, pour réconcilier avec l’Église un grand nombre de croyants qui ne se reconnaissent plus dans son langage ? Le dernier article s’interroge sur le succès du terme présence dans le vocabulaire eucharistique. Constatant que les sources bibliques n’utilisent pas cette terminologie, il en date l’apparition du moyen âge occidental et montre les crispations dont il risque d’être encore porteur aujourd’hui. On lira aussi le Bulletin d’art sacré consacré, cette fois, au « charisme de la musique » dans la vie de l’Église.
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Après dix années passées à la tête du comité de rédaction, le signataire de ces lignes passe la main à un confrère, qui est d’ailleurs un de ses anciens étudiants, le Père Jean-Claude Crivelli. Il espère n’avoir pas démérité de la réputation de la revue. Il tient à remercier les membres du Comité de rédaction, ceux d’aujourd’hui et ceux d’hier, notamment Pierre Faure qui fut son adjoint durant plusieurs années, de même que les auteurs qui ont contribué à poursuivre la recherche et à l’élargir, sans oublier Agathe Chepy qui accomplit si fidèlement sa tâche de secrétaire de rédaction. Il souhaite à son successeur de poursuivre le travail dans une fidélité créatrice.
Paul De Clerck