Lettre d'information

Montrer des reliques aujourd’hui

Accueil > Art sacré > Un patrimoine vivant > Musées & trésors > Montrer des reliques aujourd’hui

Les Journées européennes du Patrimoine 2014 ont été l’occasion, pour le diocèse d’Aire et Dax, de remettre au jour un fond presque oublié constitué d’une centaine de reliquaires entreposés dans la réserve d’un sanctuaire landais et jamais présentés au public depuis probablement plus d’un siècle.

Réalisés en bois doré ou en métal entre la fin du XVIII° siècle, le XIX° siècle (pour la majorité) et le début du XX° siècle, ces objets renferment plus de 800 fragments humains dont la plupart sont identifiables. L’exactitude des attributions qui sont faites laisse parfois perplexe (ainsi pour les restes des Saint Innocents ou des Macchabées) ou inspirent davantage confiance quant à leur authenticité (ainsi pour Saint Michel Garicoïts, Saint Vincent de Paul ou Saint Jean-Marie Vianney). Un important travail de décrassage et de lustrage prudents a permis de restituer l’éclat de cet ensemble impressionnant produit d’un beau travail d’ébénisterie ou d’orfèvrerie.

Le terme exposition n’étant pas approprié à ce type d’objets de dévotion, c’est, de fait, une ostension de deux jours (samedi 20 et dimanche 21 septembre) que la Commission d’art sacré des Landes proposait simultanément en trois lieux distincts : l’église Sainte-Madeleine à Mont-de-Marsan ; l’église de Saint-Pierre-du-Mont et le cloître de l’Abbatiale de Saint-Sever.

La volonté, donc, de ne pas réduire la présentation de ces reliques à un trivial « déballage » obligeait tout naturellement à recréer pour elles un cadre « para-liturgique », proche de celui dont elles bénéficiaient à l’époque, pas si lointaine, où les ostensions étaient chose courante. Aussi, regroupés en chapelle, sur des « autels » de circonstance tendus de draps et illuminés de cierges, ne manquaient aux reliquaires ainsi mis à l’honneur dans les vapeurs d’encens, que les bouquets fastueux dont on les gratifiait autrefois. Question de budget.

Ni étiquettes ni cartels ; ce n’était pas un musée ou un salon d’antiquaires. Les visites guidées devaient remplir la mission d’explication du sens des reliques et de leur dévotion à travers l’histoire du christianisme. Mais aussi et surtout, la conférence prononcée le samedi par M. Dominique PEYRE, Conservateur des Monuments Historiques en Aquitaine au titre évocateur : « Les reliques, le corps entre terre et ciel ». La monstration, en effet, de ces fragments humains aujourd’hui, pose la question du rapport au corps, à la vie et à la mort que nous entretenons, au regard de la façon dont la percevaient nos aïeux dans la foi et dans l’Histoire. Ces reliques, dont la dévotion nous est devenue assez étrangère désormais, nous renvoient à nos propres ambigüités contemporaines quant aux questions essentielles sur le sens de nos existences et de leur fin.

Pour affirmer encore la différence entre ostension et

1 2 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :