Mgr Jean-Louis Bruguès, évêque d’Angers et président du groupe de travail, a rappelé l’objectif de la réflexion menée: « Alors que nos emplois du temps habituels ne nous en laissent pas toujours le temps, il s’agit d’approfondir des sujets importants pour nos ministères de pasteurs, de comprendre et de fournir des arguments dans le débat du moment ». Des experts ont été sollicités au cours de l’année pour apporter leurs compétences et des éléments de discussion. Le groupe de travail a identifié 15 questions incontournables (la problématique du « genre », les enjeux de la paternité, l’homoparentalité, frères et sœurs…).

Invité à intervenir dans l’hémicycle, Jacques Arènes, psychanalyste et membre du groupe de travail, a apporté un éclairage sur la théorie du genre* (ou « gender »). D’origine anglo-saxone, cette théorie constitue la matrice idéologique de laquelle sont issues la plupart des remises en cause portant sur la différence entre les sexes. « Elle se diffuse de plus en plus dans les médias et dans le débat public, en raison de sa vision politique de la sexualité, en relation avec l’activisme gay. Dans cette dimension militante, l’Eglise apparaît comme « l’ennemi », gardienne de traditions enfermantes ». Quelle réponse apporter à un discours qui propose de transformer l’organisation sociale, qui prend appui sur l’exception pour définir la règle ? Comment faire face au développement de la recherche éperdue de plaisir et de la perte irrémédiable de la rencontre ? « L’Eglise détient dans sa tradition bien des aspects d’une défense de ce qui unit hommes et femmes, dans une perspective où la différence n’est pas ce qui prime, mais qui se configure à une recherche d’unité », a répondu Jacques Arènes, rappelant l’urgence, pour les chrétiens, de soutenir une réflexion sur une approche du masculin et du féminin décantée des hiérarchies anciennes (patriarcat par exemple).

Réunis en carrefours, les évêques ont ensuite travaillé sur chacune des 15 questions afin de proposer des suggestions. « Positives, dynamiques, pratiques, vos propositions doivent nous permettre de construire une parole d’Eglise claire, audible et compréhensible », telle était la feuille de route donnée par Mgr Bruguès.

Composition du groupe de travail

  • Président : Mgr Bruguès, évêque d’Angers
  • Jacques Arènes, psychanalyste
  • Marie Balmary, psychanalyste
  • Thibaud Collin, philosophe
  • Catherine Labrusse Riou, juriste
  • Xavier Lacroix, théologien
  • Père Philippe Lefebvre, o.p
  • Sœur Véronique Margron, o.p, doyen de la faculté de théologie de l’Université Catholique de l’Ouest
  • Michel Rouche, historien

Qu’est-ce que la théorie du genre ?

La théorie du genre (ou gender studies), est née aux États-Unis au début des années soixante-dix, dans le but de mettre en accusation les théories soutenant comme « naturelles » des inégalités ou des différences purement sociales. Les études autour du genre sexuel se sont développées, dans le monde anglo-saxon, dans la mouvance du féminisme et de la militance des groupes gays. Il s’agit de dénoncer les aspects sociaux de la distinction sexuée, en tant que porteurs d’oppression. La phrase clé est celle de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient». D’où la mise en évidence que la différence masculin-féminin ne coïncide pas avec la différence mâle-femelle.