Le cardinal Jean-Pierre Ricard a souligné l’importance que représente le Conseil d'Eglises chrétiennes en France (Cecef) à l’occasion de la venue du patriarche Alexis II. Que représente pour vous le Cecef dont vous êtes co-président?

Mgr Emmanuel : Le Cecef est l’instance représentative d’une parole chrétienne en France. C’est un lieu important d’échange et de réflexion, un Conseil qui nous réunit plusieurs fois par an. L’année dernière, nous avons voulu signifier notre préoccupation pour la paix en abordant la question du dialogue interreligieux. Nous avons effectué un voyage au Liban et à Damas avec le cardinal Ricard et le pasteur de Clermont. Nous voulons poursuivre notre coopération dans cette direction et témoigner que nos Eglises agissent pour réaliser la paix. Lors de nos réunions habituelles, nous échangeons des nouvelles sur la vie de nos communautés ecclésiales et nous abordons des questions d’actualité. 2008 est une année marquée par la Présidence de l’Union européenne et la venue de Sa Sainteté le pape. Ce sont des occasions qui nous sont données pour faire part de nos réflexions communes.

Q- La rencontre de la commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l'Église catholique et l'Église orthodoxe à Ravenne (Italie) s’est terminée le 15 octobre. Y ont participé notamment Mgr G. Daucourt et Mgr R. Minnerath. Quels ont été pour vous les points importants de cette session internationale?

Cette année la rencontre pour le dialogue théologique s’est faite à l’invitation de la partie catholique. L’année dernière, notre rendez-vous avait eu lieu à Belgrade à l’invitation de l’Eglise orthodoxe. La rencontre de Ravenne a été un lieu d’échange qui a permis de poursuivre le dialogue sur la conception de l’Eglise, de l’uniatisme et de la primauté au sens large, malgré le départ prématuré de la délégation orthodoxe russe. Cette capacité d’échanger ensemble est une possibilité qui nous est offerte pour poursuivre le travail de l’Unité qui est un chemin que nous faisons ensemble.

Q- Le Métropolite Gabriel du patriarcat d’Antioche est décédé récemment. Les funérailles ont été célébrées dans votre cathédrale, rue Georges Bizet, à Paris. Quelle est l’importance du patriarcat d’Antioche en France et en Europe?

L’implantation en France s’est faite après l’année 1981. A l’époque beaucoup de chrétiens ont quitté le Liban. Beaucoup y sont revenus mais d’autres sont partis aux USA ou ailleurs. En Europe, il existe une quarantaine de communautés qui dépendent du patriarche grec d’Antioche, à Damas. Le Métropolite à Paris est responsable de cette Eglise, comme exarque puis comme Métropolite.

Q-Vous avez participé récemment au rassemblement européen de Sibiu (Roumanie). Au nom de Sa Sainteté le patriarche Bartholomée (Constantinople), vous participez à de nombreux échanges interreligieux. Quels sont pour vous les principaux défis avec les autres religions non chrétiennes?

Le dialogue interreligieux est une nouveauté dans l’Eglise orthodoxe. Les relations ont commencé avec les juifs en 1967 puis avec le monde musulman en 1986 dans le cadre de dialogues bilatéraux. Les échanges que nous avons eus avec le cardinal Tauran, à Naples, montrent que nous travaillons dans le même esprit au niveau des relations interreligieuses et que nous allons dans le même sens. Il est nécessaire de se retrouver entre chrétiens pour dialoguer avec les deux autres religions monothéistes et surtout pour apprendre à mieux connaître l’autre. Ensemble, nous pouvons témoigner qu’il est important de poursuivre ce dialogue interreligieux mais il est nécessaire aussi que cet intérêt soit partagé par les autres confessions. Les attentes dans le dialogue ne sont pas les mêmes entre chrétiens qui sont en recherche d’Unité et les autres confessions où la recherche se base sur une reconnaissance de l’autre, un climat de confiance qui s’accompagne d’un travail de base. L’approche du cardinal Tauran à ce sujet nous réjouit. Les contacts sont bons et nous poursuivons notre coopération avec lui dans le même esprit.