Avec Bernadette,
vivre un carême authentique
Message de Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes
et Lourdes
(homélie de la messe du 10 février 2008)
« Les apparitions de Lourdes comme le Carême
nous posent la même question, celle de l’espérance
à laquelle notre pape a consacré sa deuxième
encyclique : où plaçons-nous notre espérance
? A quoi sommes-nous prêts pour entrer dans la grande
espérance ? Que Marie et Bernadette nous aident à
vivre un Carême authentique : c’est ainsi que
nous entrerons dans la vérité des apparitions”
a rappelé Mgr Perrier dans son homélie dominicale.
“Demain, nous fêterons Notre-Dame
de Lourdes. 150 ans plus tôt, la Vierge Marie apparaissait
à Bernadette Soubirous ici même, à la
grotte de Massabielle. Cette année-là, le 11
février, le Carême allait commencer. Sur les
dix-huit apparitions, deux seulement auront lieu après
Pâques. Le temps des apparitions correspond, massivement,
avec le Carême.
Le calendrier liturgique de 2008 est assez
proche de celui de 1858 puisque nous entrons tout juste dans
le Carême. Entre le temps des apparitions et la montée
vers Pâques, s’agit-il d’une simple coïncidence
de dates ? Peut-être pas.
En 1858, à la demande du pape de l’époque,
l’évêque de Tarbes, Mgr Laurence, avait
demandé à ses curés d’organiser
un Carême particulièrement intense au plan spirituel.
Aux trois dimensions traditionnelles du Carême qui nous
ont été rappelées à la Messe du
mercredi des cendres - l’aumône, la prière
et le jeûne - l’évêque ajoutait une
autre recommandation : la prédication. Nous dirions
aujourd’hui : la catéchèse des adultes
ou la formation permanente.
Le pauvre curé de Lourdes, qui allait
devenir célèbre par la suite, l’abbé
Peyramale, n’avait pas réussi à trouver
de prédicateur. Il avait écrit à son
évêque pour lui demander ce qu’il convenait
de faire. L’évêque a-t-il répondu
? Les archives sont silencieuses. Mais la Sainte Vierge a
répondu. Elle est venue former Bernadette en lui inspirant
confiance, en lui apprenant le signe de croix, en parlant
avec elle, en lui demandant de venir régulièrement
à la Grotte, en l’invitant aussi à prendre
le chemin austère de la pénitence. Finalement,
le 25 mars, jour de l’Annonciation, elle lui révèle
son nom : “Je suis l’Immaculée Conception”.
Ce qui se passe à la Grotte rejaillit
sur toute la paroisse. Le curé en est tout surpris,
car il restera sceptique à l’égard des
prétendues apparitions jusqu’à ce que
la Dame ait dit son nom. Mais, comme il est honnête,
il est obligé de constater que le carême de cette
année-là, même sans prédicateur
exceptionnel, réussit beaucoup mieux que celui des
années précédentes.
Par Bernadette interposée, Marie a
donc guidé la paroisse vers Pâques et vers la
communion pascale qui, pour beaucoup de catholiques d’alors,
était la seule communion de l’année. Bernadette
qui, à 14 ans, désespérait de pouvoir
jamais « faire sa Première Communion »,
communiera, elle aussi, à la Fête-Dieu suivante.
Quelles leçons tirer de cette coïncidence
entre le temps des apparitions et le Carême ? Que le
Carême est, dans l’année, le temps favorable
pour l’approfondissement de la foi : ne le laissons
pas filer. Que Marie nous conduit toujours à son Fils.
Que le Carême doit nous faire redécouvrir tout
autant l’eucharistie que le baptême. Que l’aide
spirituelle peut nous arriver de là où nous
ne l’attendions pas. Lourdes n’attendait rien
de Bernadette et pourtant…
Tout au long des semaines de ce Carême,
en suivant le calendrier des apparitions, nous pourrons découvrir
de multiples points de contact entre ce temps liturgique et
l’aventure de Bernadette. J’en signale un pour
aujourd’hui. Il s’agit de la promesse.
Le serpent promet à la femme : «Vous
ne mourrez pas. Vos yeux s’ouvriront et vous serez comme
des dieux». A Jésus, le Tentateur promet «tous
les royaumes de la terre avec leur gloire». Promesse
alléchante, puisque le désir de la femme pourrait
être satisfait immédiatement. Quant au Christ,
le tentateur imagine qu’il est assoiffé de pouvoir,
comme lui. Il essaie donc de le séduire par une promesse
de pouvoir. Promesses alléchantes mais fallacieuses
puisque la promesse de l’immortalité conduit
à la mort et que la promesse de royauté aurait
conduit le Christ à l’asservissement. Le Tentateur,
en effet, avait mis une condition : que le Christ se prosterne
devant lui. Evidemment, échec.
Marie aussi fait une promesse à Bernadette.
«Je ne te promets pas d’être heureuse dans
ce monde mais dans l’autre». L’autre monde
n’est pas seulement celui qui s’ouvre au-delà
de la mort. Il s’ouvre aujourd’hui, à condition
que nous suivions le Christ qui marche vers Jérusalem.
La clé qui ouvre la porte de l’autre monde, c’est
la conversion aux Béatitudes, ce concentré de
l’Evangile. Une fois ouverte, cette porte donne sur
l’éternité.
Dans le monde actuel qui ne vit qu’au
présent et n’aime pas trop l’effort, qui
peut entendre la promesse de Marie ? Les apparitions de Lourdes
comme le Carême nous posent la même question,
celle de l’espérance à laquelle notre
pape a consacré sa deuxième encyclique : où
plaçons-nous notre espérance ? A quoi sommes-nous
prêts pour entrer dans la grande espérance ?
Marie et Bernadette ont aidé la paroisse de Lourdes
en 1858. Qu’elles nous aident à vivre un Carême
authentique : c’est ainsi que nous entrerons dans la
vérité des apparitions”.
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