« Dans une démocratie, le
désordre est apparent et l’ordre est caché.
Dans une dictature, c’est le contraire….»
Cet adage peut se révéler consolant dans la
situation où nous sommes. S’il est vrai qu’un
léger désordre en surface n’empêche
pas les sociétés démocratiques d’avancer
et de se structurer, il reste permis d’espérer
que l’Union européenne survivra aux turbulences
occasionnées par le double non, hollandais et français,
du printemps 2005.
C’est dans ce contexte que nous allons marquer le 50e
anniversaire de la signature des traités de Rome, le
25 mars 1957. Cet anniversaire donne à tous les citoyens
l’occasion de mesurer les progrès accomplis,
bon an mal an, par l’idée d’intégration
européenne. Il suffit en effet de se souvenir de ce
qu’était l’Europe en 1944, en 1954, en
1964, etc., pour comprendre ce qu’il y a « d’inespéré
» dans la situation actuelle. Qui aurait osé
penser, encore en 1987, que le mur de Berlin serait tombé
et que l’Union européenne aurait intégré
dix États membres venus de l’ex-empire soviétique,
au 1er janvier 2007 ?
Pour inviter à ce travail d’anamnèse et
réfléchir à des perspectives d’avenir,
la Comece organise un congrès, à Rome, les 23,
24 et 25 mars 2007. Ce sera l’occasion de comprendre
comment, avant d’être un « problème
» économique et social, l’Union européenne
repose sur un acte spirituel : le choix du pardon mutuel et
de la paix. Ce fut vrai pour la réconciliation franco-allemande
après 1945, ce fut vrai pour la réconciliation
germano-polonaise à partir de 1965, et cela reste vrai
pour demain, en particulier dans les Balkans.
Beaucoup de gens regrettent que l’Union européenne
reste absente de nos débats électoraux. À
la réflexion, cette absence n’est pas si étonnante
: l’Union n’est pas un enjeu particulier parmi
d’autres, elle est une des conditions de possibilité
de nos débats, car elle est la garantie de la paix
sur notre continent. Or, la Paix c’est comme la santé,
elle ne devient consciente que lorsque l’on est sur
le point de la perdre. Il faut donc regarder l’Union
européenne avec les yeux de nos voisins pour mesurer
à quel point cette situation de paix est exceptionnelle
et, en même temps, dramatiquement fragile. L’exemple
de la Yougoslavie devrait ici nous servir de rappel permanent.
À Rome, en ce 25 Mars, au jour de l’Annonce faite
à Marie, nous viendrons aussi pour prier, pour rendre
grâces et intercéder, car nous le savons, «
si le Seigneur ne garde la ville, en vain la garde veille.
»
Mgr Hippolyte Simon, archevêque de
Clermont, délégué des évêques
de France à la Comece
Editorial de la Revue
Catholiques en France, N°25
Isaïe 66, 12.
2 Psaume 127/1.
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