Le cinquantième
anniversaire de l’encyclique Fidei donum est l’occasion
d’inviter tous les baptisés à un engagement
missionnaire renouvelé et les Églises du monde
entier à un « échange de dons ».
« Quitter le diocèse de Versailles pour celui
de Recife, dans le Nordeste, au Brésil, c’est
découvrir un autre monde ! », témoigne
le P. Philippe Mallet, qui a rejoint l’Amérique
du Sud en 1972, année où 565 prêtres sont
partis comme Fidei donum depuis la France, un record !
Malgré la diminution des vocations sacerdotales en
France, quelque 150 prêtres diocésains sont encore
aujourd’hui engagés au service de l’Église,
sur les cinq continents, dans l’esprit de l’encyclique
Fidei donum publiée par Pie XII le 21 avril 1957.
« Il faut apprendre d’abord le silence, écouter
beaucoup, découvrir une autre culture, et même
au bout de vingt-trois ans, on se sent encore étranger
», raconte le P. Mallet, aujourd’hui responsable
du Pôle Afrique, Asie, Océanie du Département
Fidei donum/échanges entre Églises du Service
national de la Mission universelle de l’Église.
Prêtre dans une favela à vingt kilomètres
du centre de la ville de Recife, il a été marqué
par la foi des habitants : « Même ceux qui ne
vont pas à l’église sont profondément
religieux. »
En 1995, de retour en France, dans la paroisse de Trappes,
puis aux Mureaux, dans le diocèse de Versailles, il
retrouve des personnes issues d’autres continents qui
ont ce fond religieux. Il a rapporté de Recife une
simplicité dans les relations avec les personnes, dans
la pastorale et la liturgie, « essayant de rendre les
célébrations joyeuses tout en respectant le
rite romain ».
Comme le P. Mallet, les prêtres, religieux, religieuses
et laïcs partis au titre ou dans l’esprit de l’encyclique
Fidei donum ont été marqués en profondeur
par la population qui les a accueillis, son Église,
sa culture. Certains se sentent un peu décalés
à leur retour, mais pour beaucoup ce qu’ils ont
reçu là-bas est un véritable plus pour
leur diocèse d’origine.
Une encyclique novatrice
L’encyclique de Pie XII était novatrice dans
la mesure où elle demandait aux évêques
de favoriser « le recrutement des vocations missionnaires
: prêtres, religieux, religieuses ». La Mission
n’était plus confiée aux seules congrégations
missionnaires.
L’appel soulignait que le don de la foi devait devenir
la préoccupation de tous les catholiques, Pie XII demandant
aux évêques de développer parmi les fidèles
« un état d’esprit, une ouverture d’âme
qui les rendent plus sensibles aux préoccupations universelles
de l’Église ». Le document insistait également
sur le rôle efficace des militants laïcs. De cet
appel sort, en 1959, à Lyon, le Service du laïcat
missionnaire. En 1967, la Conférence des évêques
de France crée la Délégation catholique
pour la coopération (voir article pages 13 et 14).
Aujourd’hui, 1 200 volontaires français sont
présents dans les pays du Sud, envoyés par diverses
associations chrétiennes.
« Dès 1950, Pie XII avait incité les
instituts de vie consacrée à engager un profond
mouvement de rénovation, c’est pourquoi l’impact
de son appel a touché les congrégations féminines
déjà missionnaires et les autres », souligne
Sr Françoise Schill, responsable du Service vie internationale
de la Conférence des supérieures majeures (CSM).
Aujourd’hui, 242 instituts français internationaux
féminins ont des communautés implantées
dans différents continents, dont 221 hors d’Europe.
L’appel de Pie XII a, enfin, été entendu
par les ordres monastiques. Entre 1960 et 1980, une cinquantaine
de monastères originaires d’Europe ont ainsi
été créés en Afrique. En 1996,
on en dénombrait 93 en Afrique, 122 en Amérique
latine, 87 en Asie et 11 en Océanie.
Aujourd’hui, le mouvement des Fidei donum ne va plus
seulement du Nord vers le Sud, mais aussi du Sud vers le Sud
et du Sud vers le Nord. On compte actuellement un millier
de prêtres venus accomplir un travail pastoral en France
dont un tiers viennent d’Afrique, un tiers d’Europe
centrale et orientale, et un dernier tiers des autres continents.
« En s’adressant aux évêques et aux
diocèses, l’encyclique a été l’annonce
de Vatican II et de l’Église comme communion
missionnaire, estime le P. Jean-Marie Aubert, qui vient d’achever
son mandat de directeur du Service national de la Mission
universelle de l’Église et qui s’apprête
à repartir pour Madagascar comme prêtre Fidei
donum. Elle a été un élément moteur
de l’évolution de l’ecclésiologie
annonçant une Mission sous le signe de la réciprocité.
»
La célébration du cinquantenaire de Fidei
donum, le 1er octobre à Lisieux, sera l’occasion
de souligner l’actualité de son message et d’appeler
à un nouveau dynamisme missionnaire dans l’Église
qui est en France.
Patrick de Sagazan
Pour en savoir plus
Service
national de la Mission universelle de l’Église,
tél. 01 72 36 68 92,
Site
: mission.cef.fr.
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