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Dossiers spéciaux

HOMELIE DE LA MESSE DU XXIII° DIMANCHE ORDINAIRE

Sibiu - Dimanche 9 septembre 2007




 

 

Chers frères et sœurs en Christ,

Le passage de Luc que nous venons d’entendre fait retentir dans toute sa radicalité l’appel évangélique. Il y a, en effet, un risque de malentendu. L’évangéliste note que de grandes foules faisaient route avec Jésus. Or, la route que prend le Christ, c’est celle de Jérusalem, c’est celle de la croix et de la passion, celle de la vie donnée et totalement livrée pour le salut des hommes. Au chapitre 9, Luc nous avait avertis : « Comme arrivait le temps, où il allait être enlevé du monde, Jésus durcit sa face pour prendre la route de Jérusalem. » (Lc 9, 51) Est-ce bien cette route-là que veulent prendre ces foules pour se mettre à la suite du Christ ? On peut en douter. On voit, en effet, que même pour les disciples les plus proches, ce passage par la passion n’est pas évident. Ils veulent bien suivre le Christ mais sans prix à payer, sans choix redoutables à faire. Ils veulent bien accueillir la grâce, mais une grâce « à bon marché », une grâce gratifiante, une grâce qui ne « coûte pas », comme le dénonçait le pasteur Dietrich Bonhoeffer, pendu en 1945 par les nazis.

Avouons qu’il peut nous arriver aujourd’hui, à nous aussi, de vouloir éliminer dans notre référence au Christ la radicalité du choix. Autour de nous, certains réduisent le christianisme à un produit culturel qui a fortement marqué la société occidentale et qu’on admire à travers le riche patrimoine qu’il a laissé. D’autres voient en lui une source d’émotions fortes d’ordre esthétique ou spirituel, un supplément d’âme, l’évocation d’un ailleurs. Il peut nous arriver nous-mêmes de compartimenter nos vies, de cantonner le Christ dans le secteur religieux de notre existence, dans le domaine de la prière et du culte et de mettre une cloison étanche avec les autres domaines de notre existence. La référence au Christ prend place à côté d’autres valeurs qui sont en fait absolutisées : l’argent, le pouvoir, le plaisir, la recherche du savoir, la réussite coûte que coûte… Nous laissons ainsi coexister en nous plusieurs logiques de vie. Nous pouvons également avoir la tentation de faire une sélection dans les paroles du Christ, de ne retenir dans le texte même de l’Evangile que les passages qui nous conviennent. Le risque est grand alors de ne faire qu’un christianisme à notre convenance.

C’est là que l’appel du Christ surgit avec cette force tranchante de la Parole de Dieu, dont parle l’auteur de l’épître aux Hébreux : « Vivante, en effet, est la Parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu’aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu’à diviser âme et esprit, articulations et moelles. Elle passe au crible les mouvements et les pensées du cœur. » (Heb. 4, 12).

Le Christ nous pose la question de confiance : le mettons-nous vraiment au centre de notre existence ? Notre relation à lui, notre amitié, notre amour sont-ils bien la boussole et le choix premier de nos vies ? Sommes-nous prêts à redire chaque jour comme Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? C’est toi qui as les paroles de la vie éternelle.» (Jn 6, 68) Pour le suivre, Jésus demande un choix radical à son disciple : ne pas se laisser paralyser par des liens, des intérêts familiaux mal situés ou par un attachement excessif aux biens. Le Fils de l’homme prend la route. Il ne se laisse enfermer ni par sa famille ni par son village. Il n’a pas de pierre pour reposer sa tête. Il est totalement donné à l’annonce de la venue du Règne de Dieu.

Marcher à la suite du Christ, c’est vivre en sa présence, c’est écouter sa Parole, c’est se laisser imprégner par l’Esprit. Cela implique un décentrement par rapport à soi, l’acceptation d’une conversion, les déplacements auxquels invite une lecture attentive et savoureuse de l’Ecriture.

Il ne faut pas oublier non plus que suivre le Christ c’est accepter de porter sa croix, c’est-à-dire de vivre une vie donnée, livrée, la vie de celui qui sait qu’ « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » ( Jn 15, 13) Marcher avec le Christ, c’est vivre la dynamique du mystère pascal : celle du grain de blé qui tombe en terre et qui meurt pour porter beaucoup de fruit.

Frères et sœurs, recevons comme une grâce cette invitation à faire cette révision de notre fidélité au Christ, de notre don total au Seigneur. N’hésitons pas à la faire personnellement, communautairement, ecclésialement. Puissent nos rencontres œcuméniques être un aiguillon pour avancer, plus avant ensemble, sur cette route à la suite du Christ !

Peut-être cette route nous paraît-elle à certains jours trop difficile, trop au dessus de nos propres forces. N’oublions pas alors que cet appel du Seigneur n’est pas seulement l’expression d’une exigence, il est aussi la promesse d’un don. C’est le Christ qui nous donne lui-même la force de marcher avec lui. Dans la célébration de l’Eucharistie, le Christ nous appelle à venir à sa suite, à nous unir à lui, à vivre avec lui nos existences comme des vies données et livrées. C’est lui qui nous communique l’Esprit et nous permet de nous mettre sur la longueur d’onde de la volonté de Dieu. Rendons grâce au Père qui réalise pleinement dans son Fils ce que le livre de la Sagesse avait annoncé : « Qui donc a découvert ce qui est dans les cieux ? Et qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? C’est ainsi que les chemins des habitants de la terre sont devenus droits ; c’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît et, par la Sagesse, ont été sauvés. » (Sag. 9, 16-18). Amen.

Jean-Pierre cardinal RICARD
Archevêque de Bordeaux