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Chant liturgique et expérience spirituelle

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et pourtant c’est toi qui nous inspire à te rendre grâce. Nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi, par le Christ, notre Seigneur." On n’écoute pas qu’avec son oreille, on écoute de tout son corps, de tout son cœur. L’offrande de l’assemblée qui rend à Dieu ce qu’il nous a donné - une oreille, un corps, une voix, la parole - sera sanctifiée par l’Esprit.

Lieu sacramentel

Si le Christ "est là présent lorsque l’Eglise prie et chante les psaumes" (SC 7 a), la vive voix des baptisés est le signe sensible de la voix même du Christ sacramentel que représente l’Eglise rassemblée en son nom. Par le chant en commun, nous sommes plongés dans la voix de l’assemblée qui a donc fonction "baptismale". Quelle grâce de chanter - ou de réciter - de manière unanime le Notre-Père, d’entendre sa propre voix, celle de ses voisins proches et de toute l’assemblée. Je m’éprouve comme faisant partie de l’Eglise, du Corps du Christ sacramentel que constitue l’assemblée.

Trajet pascal

Dans ce mouvement qui va de la voix individuelle vers la voix communautaire, il y a déprise, mort symbolique à notre propre voix - reflet fidèle de notre personnalité - renaissance à la voix, à la fois plus large et plus riche, du Corps sacramentel du Christ. Ainsi, les membres de la communauté font une expérience symbolique pascale. A ce titre, le chant liturgique est également lieu de salut : libéré des limites de ma propre voix, j’éprouve l’élargissement conféré par la voix de la communauté entière. Je suis sauvé de mon égotisme par la plongée dans la voix de l’Eglise présente ici et maintenant dan les membres de l’assemblée.

Le chant communautaire liturgique, dans sa fonction ministérielle, est une école de prière, non seulement parce qu’il nous donne des mots pour prier, mais aussi parce qu’il nous dispose corporellement à l’attitude de prière. Il n’est d’ailleurs pas de religion qui n’ait recours au chant dans ses célébrations.

Le chant en liturgie est fait pour ceux qui se reconnaissent pauvres, qui ont besoin de se ressourcer à ce qui est la source et le sommet de la vie de l’Eglise. Il est, par ses vertus physiologique, par sa force symbolique (il nous met en présence), un des sacramentaux qui nous sont offerts. Il nous permet de nous disposer ensemble à rejoindre les couches plus subtiles de la création, celles qui ne s’atteignent que dans le silence des corps et des esprits, afin que l’Esprit nous mette, par l’écoute du Fils, en présence du Père.

Michel Corsi

Cet article a été extrait de la revue Célébrer 371

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