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Chant liturgique et expérience spirituelle

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souvenir pour qu’elles génèrent les mouvements délicats du chant. Nous savons qu’en règle générale, il est toujours plus facile de chanter à plusieurs que seul. En somme, il ne s’agit pas tant de chanter, que d’être chanté.

Lieu de communion

Quand les membres d’une assemblée liturgiques chantent, ils sont à la fois à l’écoute de leur propre voix et de la voix des autres membres de l’assemblée. Chacun livre sa voix qui vient se fondre à la voix de l’assemblée. Ce faisant, chacun contribue peu ou prou, à la dynamisation de tous, tout en bénéficiant en retour de la stimulation de la voix plus large et unanime de l’assemblée. C’est un partage fraternel qui n’est pas sans rappeler l’épisode évangélique de la multiplication des pains, où chacun apporte peu ou rien, et tous reçoivent au-delà de leur besoin. Chacun peut communier à la voie sacramentelle de l’assemblée.

Cet équilibre est fragile. Quand un voisin tient à témoigner à voix forte, il fait violence aux autres et empêche la constitution de la communauté. Même conséquence quand quelqu’un ne mesure pas le niveau sonore de sa voix dans le micro. Ou encore quand un instrument masque la voix de l’assemblée - qui ne peut donc plus se percevoir comme telle. Chanter plus fort pour entraîner les autres n’a pas sa raison d’être en liturgie : c’est faire du chant une activité à soi, ce n’est pas le recevoir comme une grâce communautaire.

Lieu éthique

La participation au chant, par ses effets d’apaisement, de régulation des rythmes physiologiques, de stimulation, donne à ceux qui en ont besoin cet effet thérapeutique. En partageant sa voix - et aussi en acceptant d’être touché, soutenu et nourri par celle des autres - on "fabrique" de la paix, concrètement. L’alternative est le dérèglement des sens, comme dans la transe qui cherche à évacuer des tensions. Le chant liturgique permet, à l’inverse, l’assomption et l’apaisement (même partiel) des tensions psychologiques et physiques. Il permet une édification mutuelle car nous prononçons ensemble des paroles à la fois pour soi et pour les autres. Il déploie en nous les vertus théologales : la charité dans le partage des voix, l’espérance dans l’édification mutuelle et la foi dans la proclamation communautaire.

Lieu de libération

Le chant peut, il est vrai, être utilisé pour un endoctrinement. En liturgie, c’est le contraire d’une manipulation : nous chantons pour nous rendre disponibles à une parole, sans préjuger de l’effet qu’elle aura sur l’assemblée, de l’effet qu’auront les paroles sur chacun. L’Esprit souffle où il veut, quand il veut, et chacun en reçoit les fruits dont il a besoin. Par l’écoute des paroles de parties chantées, diffraction des paroles de l’Ecriture, nous sommes convoqués à écouter la Parole elle-même.

Lieu de grâce

Citons une fois encore le texte connu de la préface commune IV : "Tu n’as pas besoin de notre louange,

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