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De la Croix à la Gloire

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l’agneau est représenté à l’entrée du chœur, tandis que la Vierge à l’enfant trône dans L’abside au moment de l’adoration des mages. A Vicq dans le Berry, le mur de séparation entre la nef et le chœur est dominé par deux grandes compositions de la Présentation au Temple durant laquelle le vieillard Siméon prophétise la mort future de l’enfant, et la cène de la Déposition de croix, où le corps mort du Christ suscite la plus grave des remises en question de foi cependant, toujours dans le cul de four de abside, la vision glorieuse du Christ de ‘Apocalypse ou de la Parousie s’impose comme la résolution d’une tension amorcée dès l’entrée du chœur.

L’installation d’un jubé dans les églises gothiques est l’occasion de présenter dans le détail les scènes de la crucifixion, donc à l’entrée du chœur. Lors de la destruction des jubés il restera souvent la « poutre de gloire (à l’appellation si suggestive) sur laquelle on peut voir une mise en scène du Golgotha avec Marie, Saint Jean, parfois les soldats au pied de la croix, scène qui surplombait l’ancien jubé. Mais toujours la croix se situe en perspective d’un autre lieu l’autel, où le sacrifice se transforme en sacrement de la vie. L’art baroque saura édifier au-dessus des autels des gloires envahissantes qui traduisent magistralement le désir de glorifier le crucifié. L’usage de placer un grand crucifix dans la nef, parfois face à la chaire, perpétue cette tradition de la visualisation de deux pôles constitutifs de la foi chrétienne la mort et la résurrection, l’entrée du chœur (lieu de la Parole) et l’autel (lieu de l’Eucharistie).

Si la mise en images du Crucifié ne cesse de se développer dans l’histoire, au point de devenir excessive avec la production industrielle de crucifix, et envahissante avec l’installation de ces crucifix partout dans l’église, elle ne doit pas occulter l’expression de l’autre versant, celui de la Gloire. La question est de maintenir cette tension entre l’ombre et la lumière. La peinture si célèbre du crucifié de Grünewald, qui inspire encore aujourd’hui nombre d’artistes contemporains tant la sensibilité du peintre des années 1500 est moderne, ne peut se comprendre sans les autres peintures du retable d’Issenheim qui s’organisent en fonction d’une ouverture dialectique des différents volets. La première vision quasi obscurcie par un fond noir est bien celle de la crucifixion livrée ici avec tous les détails de la défiguration, mais une deuxième vision est offerte à celui qui sait dépasser par la foi le réalisme aveuglé de la mort et ouvrir le retable en son point de mystère. C’est alors une deuxième vision, l’illumination de quatre tableaux consacrés aux mystères glorieux de l’Annonciation, de la Nativité, et de la Résurrection avec ce magnifique halo de lumière irisée qui perce les ténèbres de La vision initiale.

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