Lettre d'information

Eucharistie et partage

l’éthique du service d’autrui ; ensuite, que ce service fraternel n’a pas seulement une valeur morale de générosité, mais a une portée « théologale », puisque c’est le Christ Seigneur qui, à travers les siens, continue de servir ses frères humains. L’éthique de l’amour fraternel a ainsi une portée de type « sacramentel ».

Telle pourrait bien d’ailleurs être le point à mettre en évidence aujourd’hui. Peut-être, en effet, sommes-nous moins tentés qu’à l’époque de la pratique dominicale massive d’oublier l’engagement éthique de partage et de solidarité qu’implique la participation à la messe. Mais peut-être, en revanche, sommes-nous davantage enclins à oublier le fondement proprement théologal, et pas simplement moral, de cet engagement. La prière eucharistique ne manque pourtant pas de le rappeler : ce que Dieu attend, c’est que notre vie lui rende gloire ; et notre vie lui rend gloire en étant habitée par l’Esprit Saint qui nous fait participer de manière fructueuse au Christ pascal de l’eucharistie et fait ainsi de nos gestes quotidiens de partage un « culte spirituel », un « sacrifice vivant et saint » (Romains 12, 1).

« Accorde à tous ceux qui vont partager ce pain et boire à cette coupe d’être rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps, pour qu’ils soient eux-mêmes dans le Christ une vivante offrande à la louange de ta gloire ».

(Prière eucharistique IV).

Louis-Marie Chauvet

Article extrait de Célébrer, n°293, décembre 1999-janvier 2000, p 8-12

1. Par exemple : Amos 5, 21-27 ; Osée 6, 6 ; Isaïe 1, 10-20 ; Jérémie 7, 1-28 ; Michée 6, 6-8 ; Psaume 50, 12-15 ; Psaume 51, 18-19, etc.

2. La question ne s’est posée sur ce terrain que beaucoup plus tard, à partir du IX° siècle exactement dans la controverse entre Paschase et Ratramne.

3. J.-M.-R. Tillard, Chair de l’Eglise, chair du Christ. Aux sources de l’ecclésiologie de communion, Cerf 1992, p. 63-64.

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