Lettre d'information

Kim En Joong à Perguet

L’église de Perguet-Bénodet, en Finistère, est tout à la fois une nef romane, un sanctuaire gothique et un enclos paroissial, comme il y en a tant en Bretagne, espace sacré délimité par le mur d’enceinte avec une porte triomphale, un calvaire et un ossuaire. Derrière l’unité apparente, le regard attentif discerne sans trop de peine les stades successifs de construction, de la fin du XIe siècle pour la partie romane jusqu’au XVe et XVIe siècles pour le reste.

La porte d’entrée franchie on prend d’abord possession du vaisseau de la nef romane séparée des bas-côtés par des piliers cruciformes dont le tailloir porte des colonnes. Les bases et les chapiteaux sont sculptés de personnages et d’entrelacs. Elles supportent des arcatures en plein cintre autour de fenêtres minuscules à l’extérieur, mais fortement ébrasées à l’intérieur éclairant l’édifice d’une belle lumière douce. On découvre avec plaisir dans cet édifice modeste les arcades superposées où le vide et le plein jouent à la manière des articulations qui font la force des réalisations plus importantes de la même époque.

Un arc diaphragme en plein cintre, renforcé par un arc de décharge en tiers-point, fait la transition entre la nef et le choeur, accosté de deux ailes de style g othique flamboyant si caractéristique de nombreuses églises et chapelles en Bretagne. C’est là une architecture sans originalité, mais elle est rehaussée par son mobilier : un maître-autel, en tombeau droit dont la structure s’apparente aux retables lavallois avec deux grandes niches de part et d’autre de la maîtresse-vitre, pour la gloire de sainte Brigitte et d’un saint évêque qui pourrait être saint Thomas Becket. Aux autels latéraux s’ajoutent également un tombeau droit et une riche statuaire harmonieusement disposée de part et d’autre. Un tableau naïf représentant la Sainte Famille est là aussi, qui ne manque pas d’intérêt.

L’austérité de la nef romane et l’exubérance de la partie gothique avec son riche mobilier ne contrastent pas car l’arc diaphragme, la charpente apparente, identique d’une extrémité à l’autre, et les chaises soigneusement conservées confèrent à l’ensemble une réelle unité et continuité dans la diversité.

Grâce au dynamisme d’une association des amis de la chapelle et aux soins de la commune, l’église s’est embellie encore ces dernières années d’un ensemble complet de vitraux réalisés par Kim En Joong, dominicain, avec le concours des ateliers Loire de Chartres-Leves. Son travail a duré plusieurs années, de 1998 à 2002, en deux temps : d’abord pour la partie gothique, puis pour la nef romane et les bas- côtés. L’artiste s’est laissé imprégner par l’architecture, le décor, les contrastes des ombres et des lumières, se donnant le temps

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