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L’abbaye de Solesmes 1010-2010 : histoire et architecture (72)

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inférieure. Au dessus se dresse un Calvaire, avec au centre le Croix du Christ, d’où il vient d’être déposé, et celles des deux larrons, accrochés encore à leurs gibets. Les bustes des deux prophètes David et Isaïe, ainsi que des anges portant les instrument de la Passion, complètent la scène. C’est que ce monument, entièrement consacré à la Passion du Christ, est un immense reliquaire. Dans la grotte de l’Ensevelissement, au centre de la composition, juste dans l’axe de la Croix du Sauveur se trouve un pendentif destiné à l’exposition de la Sainte Épine. Le tombeau du Christ

L’œuvre, datée de 1496, « sous le règne de Charles VIII » selon une inscription, emprunte son vocabulaire au gothique flamboyant. Mais les pilastres attestent une influence Lombarde, peut-être la main d’un sculpteur ramené par le roi à son retour de la première campagne d’Italie. Solesmes est l’un des deux plus anciens exemples en France de ce type d’ornementation.

Le Tombeau du Seigneur renferme bien des énigmes. On ignore le nom de l’artiste qui l’a réalisé : Louis Mourier, auteur au tout début du XVIe siècle d’une autre Mise au tombeau, à Jarzé (Maine-et-Loire), aujourd’hui détruite ; ou plus vraisemblablement Michel Colombe ou du moins des membres de son atelier ? Le donateur, dont le personnage richement vêtu à la mode du temps qui tient l’une des extrémités du linceul représenterait le portrait, n’est pas mieux connu.

Le seigneur de Sablé, Jean de Nemours ( ou d’Armagnac), qui s’est montré généreux pour les moines mais sans plus, ou plus probablement un membre de la famille du prieur, de cette grande famille Cheminart, très liée au pouvoir et entretenant de nombreux relations avec les milieux artistiques ; l’un ou l’autre y serait allé de ses deniers pour couvrir les dépenses d’une telle œuvre.

La Pieta

En tout cas les armes des Cheminart s’y trouvent en bonne place au-dessus de l’arc de l’enfeu. Et le prieur veilla personnellement à sa réalisation et à son achèvement.

Sur le fort entablement divisant les deux parties du monument, figurent également les blasons de la famille royale. Aurait-elle aussi participé au financement du monument ? Les armes du roi rappellent les passages de Charles VIII à Solesmes lors des deux séjours qu’il fit à la Roche-Talbot en 1488 et en 1491, chez Bertrand de La Jaille, allié à Jean Bouré, le trésorier des rois. Le roi avait même tenu conseil au prieuré le 31 août 1491. Et c’est très probablement à cette occasion qu’il avait confirmé – trois fois n’est pas de trop - l’acte de fondation du monastère de Geoffroy le Vieil et une charte de donation de Jean de Nemours.

Les deux autres blasons sont ceux de la reine Anne de Bretagne, dont le mariage avec Charles VIII en 1491 marqua le rattachement définitif du duché à la couronne de France, et du

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